L'histoire :
Dès lors qu’il enfile au doigt un mystérieux anneau, Joachim Overbeck a la surprise de pouvoir communiquer avec un esprit fort sympathique. Mais en acquérant l’objet, un ouroboros représentant un serpent qui se mord la queue, Joachim déclenche une suite de phénomènes surnaturels qui le mènent en prison. Pour tuer le temps dans sa geôle, il se laisse conter l’histoire de l’anneau par l’esprit qu’il renferme. Il apprend qu’avant d’appartenir à Leonora Von Stock, jeune fille issue d’une famille de puissants medium, l’énigmatique bijou était la propriété de Monsieur de St-Loup. Bien des années auparavant, ce dernier avait été envoyé sur le front de l’est par l’empereur lui-même, pour venir en aide à une armée d’occupation avant que l’hiver n’en décime les troupes. L’arrivée du personnage en tant que renfort pour le siège d’une ville, n’était alors guère de nature à rassurer un général très cartésien. Conseiller occulte personnel de l’empereur, Monsieur de St-Loup était pourtant un vieil humaniste énigmatique et jovial…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Chaque épisode de cette série nous rapporte des évènements se déroulant à une époque en amont de la précédente. Cette remontée ante-chronologique, proche du mécanisme narratif utilisé par Giroud pour son Décalogue, rapproche peu à peu les protagonistes du cœur de leur quête. Après Joachim Overbeck le béotien turbulent, après Léonora Von Stock la medium qui s’ignore, voici Monsieur de St-Loup sage aux mystérieux pouvoirs alchimiques, laissant croire à son immortalité. Ainsi, plus on progresse, plus les personnages sont importants pour l’histoire… et plus celle-ci se fait palpitante. Le scénario est signé Hubert, prénom que l’on a plus l’habitude de remarquer comme coloriste de nombreuses séries. Hubert situe cette fois son récit dans un royaume de l’Europe de l’est au début du XIXe siècle. Même s’ils ne sont jamais clairement nommés, les évènements qu’il rapporte rappellent la campagne napoléonienne de Prusse. Ainsi mêlés à des faits ésotériques, les éléments historiques, politiques et sociaux donnent une autre lecture de l’Histoire. Cependant, si les auteurs utilisent les thèmes récurrents tels que la lévitation, l’immortalité, l’alchimie ou la pierre philosophale, ils parviennent admirablement à ne pas donner trop de sérieux au surnaturel. Cet entre-deux leur permet ici de conserver une cohérence de ton appréciable. Le dessin d’Hervé Tanquerelle (Professeur Bell), moderne et gribouillé, est certes particulier mais d’une grande régularité. Les disproportions de ses personnages, élancés ou pourvus de grands yeux innocents, le tout sur une ligne graphique résolument morose, font penser aux meilleurs aspects des films signés Tim Burton.