L'histoire :
En l’an 64 après la naissance du Christ, le général Julius Publius Vindex s’est rendu totalement maître d’une révolte juive à Alexandrie. Il a réduit les chrétiens survivants en esclavage et reçoit à son retour à Rome un véritable triomphe. Au beau milieu de la procession qui le mène au palais de l’empereur, sa fille Livia, qu’il n’a plus vue depuis 4 ans, lui saute au cou. Innocente et naïve, elle cristallise beaucoup d’espoir en ce père également patricien et sénateur : son retour signera assurément la fin des inégalités et des bassesses politiques. Le soir même, tandis qu’une fête bat son plein, Livia espionne involontairement, du balcon, une réunion privée tenue par son père et apprend d’un bloc la real-politik. Elle découvre en effet que Julius nourrit pour Rome des desseins encore plus ignobles que ceux qu’elle dénonçait : il a programmé un incendie « accidentel » de la ville, afin de faire accuser et d’exterminer tous les chrétiens. Livia s’insurge, son père se montre déterminé et tyrannique. Le lendemain, elle agit selon sa morale : elle écrit une lettre à l’empereur pour le dénoncer. Julius fulmine et tente de fuir, mais il est trop tard : il est rattrapé, emprisonné et envoyé au bagne dans une abominable mine de souffre, en Judée. Cruel, le destin lui fait partager cette pitance avec l’esclave chrétien qu’il voulait instrumentaliser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la fin des années 90, les 4 opus du Troisième testament avaient ouvert la voie de l’aventure ésotérique, un genre largement exploité depuis lors (et pas qu’en BD). Sept ans après, le revoilà qui revient, et pas qu’un peu mon n’veu ! Xavier Dorison et Alex Alice ont encore pris en maturité narrative et s’appuient désormais sur les superbes encrages réalistes de Robin Recht pour composer une sublime préquelle en 4 volumes. Le projet s’intéresse aux sources de la légende, au premier siècle de notre ère, qui avance que Julius de Samarie aurait recueilli la parole de Dieu. Etant donné que les faits sont antérieurs, il n’est nul donc besoin de connaître la quadrilogie précédente (moyenâgeuse) pour entamer celle-ci. Ah vous vouliez du souffle épique ? Vous allez en avoir pour votre argent, avec les 78 planches de ce premier tome, découpées en 3 chapitres. Le contexte est celui du péplum, magnifique, à grand spectacle… Par moment, on a même l’impression d’entendre la voix off des films de Cecil B de Mille. Julius, héros quadra-quinqua, soit un âge avoisinant celui de Charlton Heston dans les productions susnommées, est initialement un tyran romain surnommé « le boucher d’Alexandrie ». Il est tour à tour montré conquérant, infâme, déchu, misérable, courageux, puis rédempteur… Bref, le cheminement idéal pour embrasser une destiné homérique. Au côté de ce premier rôle, se greffe un autre protagoniste tout aussi charismatique : le chrétien, dont le visage transparait de bonté et de sagesse, pour une dimension biblique idoine. A travers les relations et les aventures vécues par ces deux acteurs, se tisse une lutte ancestrale, celle de Rome et de l’Eglise qui se disputèrent la mainmise et l’orientation de notre civilisation (rien que ça). Le ton est donc certes légèrement grandiloquent, mais le souffle héroïque de la légende le méritait exactement.