L'histoire :
Au milieu du Xème siècle, un peuple a choisi contre vents et marées d'adopter la foi judaïque. Il est entouré de l'influence et de la puissance des pays catholiques et musulmans voisins, établi dans les montagnes entre mer noire et mer Caspienne. Sa réputation traverse le continent pour atteindre le rabbin de Cordoue. Il se dit que ce peuple peut vivre sa foi sans contrainte, sans devoir monnayer son existence, sans subir ni joug, ni domination d'aucune sorte. Le rabbin décide alors d'envoyer Isaac Ben Eliezer à la rencontre du Khagan des Khazars, le très respecté leader de ce peuple libre et fier, pour lui porter un message de la plus haute importance. Plus de 1000 ans après ces évènements, Marc Sofer, un écrivain à succès en mal d'inspiration, reçoit la visite d'un juif qui cherche à fuir la Georgie, et lui demande son soutien pour pouvoir séjourner en France ou en Europe. Pour attester de sa bonne foi et pour convaincre l'écrivain, le mystérieux visiteur lui laisse une pièce de monnaie récupérée dans une grotte secrète au cœur de sa Géorgie natale. Une grotte inconnue des hommes, dans laquelle son propre père aurait découvert une synagogue et une bibliothèque pleine de livres anciens. Il fixe rendez-vous à Sofer trois jours plus tard. Ce laps de temps laisse à l'écrivain le temps de faire expertiser la mystérieuse pièce de monnaie. Celle-ci révèle alors son extraordinaire origine...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toute l'expérience de Pierre Makyo est perceptible dans cet album qui, à aucun moment, ne donne le sentiment d'un effort d'adaptation pour passer du roman de Marek Halter au récit en BD. L'alternance répétée entre les deux époques (les années 955 et 2000) est fluide et bien rythmée, les dialogues sont efficaces et pas trop nombreux. Cela aboutit à un album qui se lit sans effort. L'intérêt pour l'histoire du peuple Khazar, plutôt méconnue, est par ailleurs réel, lorsqu'il enrichit une intrigue aux facettes multiples. Pas possible à ce stade de dire si ce thriller historique et économique va pencher du côté du roman à l'eau de rose entre deux des personnages principaux, ni de savoir de quelle manière les deux histoires vont finir par se recouper. Le dessinateur Federico Nardo livre une partition impeccable dans un style réaliste fouillé et nerveux. Il bénéficie d'une colorisation réussie d'Antoine Quaresma. Dans une mise en scène efficace qui ne nécessite aucun texte d'explication, l'histoire progresse avec régularité, après seulement quelques pages de mise en place. A la fin de ce premier tome, le suspense est total. On se trouve réellement au cœur d'un roman destiné au grand-public. Et gageons qu'il faudra à nouveau 72 pages pour que le tome 2 (à venir) conclue cette épopée sans trop de précipitation.