L'histoire :
En 2000, Marc Sofer est un écrivain réputé pour son exégèse du judaïsme et son œuvre d’historien du peuple juif. Il est contacté par un kazakh qui lui fait miroiter un trésor antique situé dans une grotte de Géorgie, dans laquelle se trouverait une synagogue. Ce trésor serait hérité des khazars, un peuple juif qui s’était établi 1000 ans plus tôt aux abords de la mer caspienne. Mais un attentat sur un pipeline de Bakou vient transformer en tensions diplomatiques ce qui se présentait comme des recherches archéologiques. L’attentat est en effet revendiqué par le « renouveau khazar ». Invité à se rendre sur place, Sofer croise à l’aéroport une mystérieuse rousse qui l’avait déjà titillé sur le sujet, quelques semaines auparavant, en conférence. Puis le chauffeur de ses hôtes le réveille en pleine nuit pour qu’il assiste à un autre attentat en direct : l’explosion d’un chantier de construction de derricks américains. L’homme le drogue ensuite, afin de le conduire en lieu secret situé en Géorgie. Sofer se réveille dans un fabuleux site troglodyte et la rousse est là pour l’accueillir et lui expliquer la problématique de son peuple et de ses vestiges. Or le cheminement initiatique de Sofer fait comme un écho à celui du jeune Isaac, en l’an 939, porteur d’un message pour le khagan Joseph et follement épris de sa sœur, la princesse Attex…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le scénariste Pierre Makyo poursuit et termine ici l’adaptation du best-seller éponyme de Marek Halter. Ce second opus est de nouveau bien rempli, de 72 planches dessinées avec un réalisme parfaitement documenté par l’italien Federico Nardo. Et de la documentation, il ne fallait pas en manquer, afin de partager une double intrigue séparée par 1000 ans d’intervalle, située dans une région du monde qu’on n’a guère l’occasion de fréquenter dans les fictions de tous types. Sauriez-vous seulement situer la Géorgie et l’Azerbaïdjan sur une carte ? Selon un premier fil narratif, Halter/Mayo développe, au crépuscule du premier millénaire, les nécessités d’alliances diplomatiques entre le peuple juif des khazars et l’empire byzantin à son apogée. Cette problématique passe par un mariage d’intérêt, qu’une princesse refuse en raison de l’amour qu’elle porte pour un jeune juif de Palestine, lui-même porteur d’un message de rapprochement religieux entre les deux peuples juifs. Cette romance tourmentée trouve son écho au travers d’un second fil narratif entrelacé à notre époque : l’écrivain Sofer est utilisé par une belle géorgienne rousse, afin de nourrir le combat millénaire de son peuple. Son initiation archéologique et ethnologique se double alors d’enjeux énergétiques et nationalistes parfaitement dans l’air du temps. Il est conseillé d’être bien concentré pour bien comprendre les tenants et les aboutissants des tensions qui se nouent… et encore, le récit entretient trop le flou pour que lecteur puisse s’en saisir et s’en contenter pleinement. L’originalité de l’intrigue double, ainsi que la découverte du peuple khazar et de son étonnant judaïsme demeurent donc les principaux atouts du diptyque.
