L'histoire :
Vladimir Ilitch Oulianov est exclu de l'université de Saint-Pétersbourg pour avoir participé à des réunions interdites, et assigné à résidence en province. Il n'est encore qu'un étudiant mais déjà le Manifeste du Parti Communiste constitue pour lui une révélation intellectuelle et politique. Devenu avocat en candidat libre, il rencontre en 1893 Nadeja Krouspskaia, qui deviendra sa femme, un soutien crucial dans les années qui suivront. Un premier journal clandestin révolutionnaire lui vaudra trois ans de relégation en Sibérie, qui ne serviront qu'à renforcer sa détermination et préparer sa stratégie future. Sa prochaine étape sera Pslov, puis un départ vers l'étranger, puisque la rédaction de l'Iskra sera dirigée depuis Leipzig. Ce journal clandestin à l'influence grandissante contribuera à hisser celui qui se fait désormais appeler « Lénine » à la tête du parti. Dès lors, la préparation clandestine de la révolution qu'il appelle de ses vœux concentrera toute son énergie. Chaque rencontre est l'occasion d'évaluer de quelle manière un camarade de lutte est compatible avec sa propre vision d'une révolution bolchévique. Il croisera bientôt le brillant Trotski, puis le jeune et très fougueux Staline, avant que ne survienne la révolution de 1905. Un évènement qu'il n'avait pas vu venir, mais qui va indirectement tracer la voie vers octobre 1917...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C'est le chemin personnel de Lénine vers l'accomplissement de la révolution qu'Antoine Ozanam a choisi de raconter, épaulé par l'historienne Marie-Pierre Rey. S'appuyant sur les informations rendues disponibles par l'ouverture des archives en 1991, le récit de cette montée vers le renversement du régime tsariste révèle une personnalité déterminée, aussi savamment calculatrice que fondamentalement révolutionnaire. L'impact des lectures marxistes sur les idées de l'étudiant est mis en valeur, tout comme sa volonté presque hallucinée qui lui permet de poursuivre son travail politique malgré les emprisonnements et les exils forcés. Le réalisme cruel de sa vision radicale est également souligné par deux auteurs qui ne donnent pas une image idyllique du leader charismatique que fut Lénine. On comprend particulièrement bien comment les moments clés de l'Histoire dépassent parfois leurs instigateurs, et avec quelle souplesse intellectuelle ils se les ré-approprient. Même si la succession des lieux et l'arrivée soudaine de la période révolutionnaire révèlent la difficulté de construire un récit autour de cette lente progression. Avec quelques décennies de recul et toute opinion politique mise à part, voilà en tout cas le portrait d'un homme qui pense devoir diriger d'autres hommes, si nécessaire contre leur propre volonté. Une biographie intéressante dans le cheminement personnel qu'elle met en lumière. Sous les dessins réalistes réussis de Denis Rodier, qui donne vie sans raideur à un Lénine fidèle aux photos les plus connues.
