L'histoire :
Au château de Saint Cloud, Napoléon se réveille brutalement. Il n'arrive pas à oublier le baiser que XVIII lui a donné le jour de son couronnement. Ces cauchemars sont récurrents : chaque nuit, il quitte le lit conjugal dans l'incapacité de satisfaire Joséphine, sa femme. Cette dernière se sent seule et comble son désir avec de jeunes officiers, ce que son mari lui reproche souvent. Un soir, il décide de solliciter l'aide de Madame Coquelicot, gérante d'un lupanar parisien renommé, afin de trouver une femme qui lui fasse oublier le baiser de XVIII. En entrant dans la salle principale, 20 magnifiques jeunes femmes l'attendent. Malheureusement, après avoir embrassé la totalité des femmes, il s'échappe furieux. Aucune n'a été capable de lui donner un baiser avec une âme. Sur le chemin du retour, sa fureur ne diminue pas. En fin stratège, il a compris que les batailles avec les femmes sont les seules qui se gagnent en fuyant. Il décide donc d'oublier les lèvres de XVIII en conquérant le monde entier.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Napoléon est une figure française ambiguë. L'empereur était un fin stratège et un homme érudit. Il a fait rayonner la France à travers l’Europe, mais à quel prix ? Le « petit caporal » instaure une politique raciale en 1803, interdisant les mariages interraciaux. Il rétablit l'esclavage en 1802, qui avait été aboli pendant la révolution. Sans compter les deux millions et demi de morts tombés pour combler sa soif d’expansion sur les territoires d’Europe. Bon nombre de livres permettent de se faire une idée du corse. Alejandro Jodorowski, en vieux loup de mer, ne rentre pas dans la polémique en donnant son avis sur l'homme. L'utilisation du personnage de Napoléon ne sert qu'à justifier la mission de XVIII. Ce fameux baiser donné par le chevalier d'Héliopolis le rend fou et le pousse à mener ses armées conquérir l'Europe et plus précisément la Russie. Pour la partie artistique, Jeremy, en maître de cérémonie, illumine les planches qui retranscrivent son talent. Malgré le choix d'un découpage très classique, les planches sont superbes. Les personnages sont extrêmement bien dessinés et les émotions passent par les visages. Les décors de ville, de Paris jusque dans la toundra russe, en passant par la fluidité du combat avec le tigre... les cases sont magnifiques. Cet album offre une très belle suite initiatique au chevalier d'Héliopolis. Rubedo est la troisième vertu qu’apprend Aziamar ; avec Nigredo, il a vaincu son chaos mental ; puis avec Albedo, il est parvenu à la pureté spirituelle. Le dernier tome s'annonce palpitant...