L'histoire :
Sian est une fleur comme nulle autre pareille. Mais une fleur de modeste condition. Aussi, pour la soustraire à ce destin sans avenir, son père a une brillante idée : la vendre à la maison des princesses, pour qu’un noble ou même un prince en fasse l’acquisition. Et si, pour elle, l’avenir n’est pas plus brillant, le projet aura au moins l’avantage d’assurer la fortune du papa. Cependant, Sian est amoureuse d’Irvi, un sympathique jeune homme qui a le pouvoir de traverser la ville sans jamais poser le pied au sol. C’est décidé ! Puisque Sian doit être vendue le lendemain, les deux tourtereaux vont s’aimer pour la première fois cette nuit même. Déflorée, Sian ne pourra plus être proposée à la riche clientèle et le projet du père sera réduit à néant. Belle idée qu’un papa soupçonneux met à mal le soir même, arrachant à Sian cris et sanglots. Pour autant, sa belle enfermée dans cette infâme maison, Irvi est bien décidé, la nuit suivante, à mettre ses talents d’acrobate à profit : il escalade la bâtisse pour rejoindre la couche de sa bien-aimée. Mais avant d’atteindre sa chambre, au premier étage, notre fougueux amoureux est arrêté par une dizaine de femmes qui séjournent, elles aussi, dans l’établissement, depuis plus longtemps. Affamées et menaçant Irvi d’appeler le garde, elles le contraignent à se donner à chacune d’elles, jusqu’à l’aube. Épuisé, Irvi regagne au petit matin sa demeure en promettant, la nuit suivante, de retrouver Sian. Mais le soir suivant, une surprise l’attend au deuxième étage…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En ouvrant ce diptyque, Enrique Fernandez peut s’enorgueillir de nous faire revivre les plus belles heures de notre enfance. Celles où, attentifs à une voix maternelle ou enfoncés dans un fauteuil, absorbés par les pages dactylographiées, rien ne pouvait nous extraire de ce voyage hors du temps. Car c’est bien de cela dont il est question ici. D’un véritable conte aux saveurs orientales, fouillé, touffu, appétant et qui prend habilement sa place dans cette première partie, avec autant d’agilité que l’un de ses protagonistes : Irvi, dont le talent principal est justement l’acrobatie. Aussi, notre conteur ne se prive t-il pas de faire danser autour de lui magie, féérie, rebondissements savoureux, humour à tendance burlesque, action, petites leçons moralisatrices et captivante émotion. Et notre bonhomme sait y faire en construisant pas à pas son récit. Le voilà qui commence à tirer le fil de son histoire en allumant la mèche avec une bonne dose de sirop (l’impossible concrétisation d’un puissant amour entre la belle Sian et le fougueux Irvi). Le voici qui abuse des contretemps et des cinglantes dépourvues. Et puis enfin qui alimente son feu de nouveaux personnages pour lesquels il prend le temps de construire, avec nous, la typologie, en nous présentant parcimonieusement leur passé. Bref un travail qui a pour effet de nous lier pieds et poings à ce premier chapitre riche et parfaitement servi (via un judicieux équilibre entre la voix-off, les mouvements graphiques et les dialogues). L’histoire, quant à elle, fait rimer amour brisé, vengeance tous azimuts, despotes sanguinaires à renverser, au rythme de rencontres funestes, jubilatoires et pimentées entre 3 personnages en particulier : Irvi, l’acrobate au cœur lacéré ; Le Cobra, le guerrier sanguinaire ; et Maluuk, un nain saltimbanque qui veut aider son peuple à reconquérir la liberté. Cette cinquantaine de premières pages nous laissera à l’orée d’un probable et juteux basculement… A suivre donc sans hésiter. Plus encore si vous aimez ce graphisme semi-réaliste empreint d’une jolie personnalité, habile dans les mouvements et à la colorisation raffinée.
