L'histoire :
D’abord acrobate et gentil voleur. Amoureux incapable de délivrer sa belle du harem auquel son père l’avait vendue. Puis, démon sanguinaire permettant à un tyran de s’accaparer six des sept royaumes. Enfin ermite non violent et poète à ses heures… Irvi trouve sur sa route Maluuk, un indispensable compagnon. Eux deux souhaitent à tout prix se débarrasser du Cobra, le fameux despote. La chose n’est pas facile. Surtout depuis que le tyran a sous sa coupe un artificier au passé trouble, maître dans l’art de la grosse explosion. Mais nos deux compères cultivent tout autant l’acrobatie ou la magie que le génie de la débrouille et de la bonne idée. Aussi, se présentent-ils déguisés au palais du despote. Leur intention : présenter au bout de leur hameçon un spectacle fabuleux. Une représentation unique et grandiose mettant en scène la glorieuse épopée de leur hôte, l’Empereur Cobra. Rapidement, la victime mord à pleine gueule dans l’appât. Surtout lorsqu’on lui propose de prendre le rôle du héros dans le spectacle. Mais quand bien même le poisson est ferré, faut-il encore le sortir de l’eau ! Difficile, surtout quand un petit grain de sable vient se fourrer dans le moulinet. Un grain qui porte le doux nom de Sian…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il nous en avait mis plein les mirettes, Enrique Fernandez, en ouvrant ce conte fabuleux. Un graphisme enlevé, coloré et pétillant, mais surtout un récit jubilatoire et tourbillonnant, avaient ainsi fait briller bien fort une première partie digne des Mille et une nuits. On attendait donc beaucoup de la suite des aventures d’Irvi et de son compagnon Maluuk, pour découvrir comment ils allaient pouvoir s’y prendre pour défaire le tyran. Et pourquoi pas, pour notre acrobate impétueux, reconquérir en prime le cœur griffé de la belle Sian… Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette conclusion de diptyque sent la poudre à plein nez, pour une confrontation explosive, dynamique et ficelant le récit adroitement. Vous vouliez connaître les destinées du Cobra, du nain Maluuk ou de Barasi l’alchimiste ? Celles de Sian et d’Irvi ? Vous en aurez largement pour votre argent au regard d’un final distribuant délicieusement moult hypothèses, tout en orientant savoureusement notre choix. Au-delà, l’ensemble ne se prive ni de faire dans l’action, ni dans le poétique ou l’amour avec un grand « A ». Bref, l’art du conte parfaitement maîtrisé. Et si joliment remis à l’honneur dans sa veine orientale, qu’on pourrait bien en redemander rapidement. Certes, ici, le récit perd un poil d’épaisseur (la « toponymie » des protagonistes qui faisait le sel du premier épisode est de fait consommée…), se veut plus parcimonieux dans le burlesque ou moins surprenant dans le rebondissement. Mais le talent de conteur reste intact, qui nous accroche de bout en bout. Il se confirme d’ailleurs par un final parfaitement équilibré préservant la substantifique moelle des contes merveilleux – pour adultes. Un travail de qualité mis en musique par une partie graphique « à style », éclatante et aussi habile dans les cadrages serrés que l’art du mouvement. A ne pas manquer.