L'histoire :
Algérie, 1962. Deux hommes essaient d’intimider un fermier français. Ils le pressent de rejoindre les rangs de l’OAS. L’homme refuse, arguant qu’il croit en la paix et en l’intelligence des hommes. Quelques jours plus tard, les deux larrons font sauter son hangar et ses tracteurs… A Paris, encore quelques jours plus tard, le commissaire Paul Verne reçoit un coup de fil de sa sœur, Monique, qui lui annonce que leur père est mort, assassiné de deux balles dans la tête. Le lendemain, Verne atterrit à l’aéroport d’Alger. Au début de l’année 1962, la terreur est à son comble. La stratégie de terreur de l’OAS atteint son paroxysme et le FLN n’est pas en reste. A l’institut médico-légal, Verne fait la connaissance du commissaire en chef Tixier, qui travaille sur l’affaire. Il lui apprend que rien n’a été volé au domicile de son père et qu’il a été retrouvé mort et armé au bas de son escalier. Mais quand Verne arrive chez lui, il s’aperçoit que son frère a disparu, et que son père, qui avait laissé un costume au pressing trois jours plus tôt, ne l’a pas récupéré alors que c’était urgent. Le mystère s’épaissit…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On pensait que le héros commissaire Verne en avait fini avec la guerre d’Algérie. Mais voilà qu’elle le rattrape quelques mois à peine après le deuxième tome. Et là, Philippe Richelle, le scénariste, noie son héros dans la guerre jusqu’au cou. Son père, assassiné, probablement par le FLN ? Son frère, introuvable, parti travailler pour l’OAS ? Et lui au milieu, qui a quitté l’Algérie depuis sa majorité après une brouille avec son père, revenu pour un simple aller-retour 6 ans auparavant pour le décès de sa mère… Comme à son habitude, Richelle nous balade en petites séquences. Ici, c’est entre Verne, qui mène l’enquête, et son frère, torturé par ses démons. Il nous dépeint une guerre d’indépendance où les jeux d’acteurs sont multiples, entre les militants de l’OAS, les militants du FLN, l’Etat qui joue aussi son rôle dans l’ombre, et la majorité des gens qui veulent seulement vivre en paix. L’ambiance délétère pèse sur le récit, comme l’impossibilité de se fier à quiconque, ni à quoi que ce soit. Malgré la complexité de la situation politique, l’album se lit facilement. Grâce aussi, bien entendu, à François Ravard, pour un dessin semi-réaliste très précis et un découpage très dynamique, avec de nombreux gros plans et plans de coupe, et à Claudia Boccato, avec des couleurs un peu passées, très lumineuses et parfaitement à propos. La conclusion parisienne de cette enquête ouvre des possibilités de suite et, du coup, on se prend à espérer…