L'histoire :
En Azerbaïdjan, un hydravion en perdition tente de se poser dans la rade portuaire de Bakou et s’écrase finalement sur un pétrolier. Non loin de là, sur un yacht privé, le président de cette nouvelle république de l’ex-URSS assiste à la collision et à la formidable explosion qui en résulte. Dès le lendemain, deux inspecteurs de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique), parmi lesquels Youri Wladimir, sont envoyés en tenues d’hommes-grenouilles sous le pétrolier. Il s’agit se s’assurer que les futs de type B12 qui ont coulés d’une barge voisine, ne présentent aucune fuite. Youri remonte alors de l’eau un morceau de carlingue d’avion, avec des impacts de balles. Mais la version officielle, émanant du chef de l’état en personne, s’obstine à situer la cause de l’accident dans l’erreur humaine. Il ne faudrait pas que la société canadienne Alvelin & Co Petroleum mette un frein à l’extension de ses infrastructures de forage à partir d’une plate-forme sur la mer Caspienne. Les canadiens commencent pourtant à s’inquiéter de la disparition de leur hydravion de reconnaissance. D’autant plus que l’hélicoptère parti à sa recherche n’est toujours pas rentré non plus. Ils ignorent encore que les deux engins ont été dégommés plus au nord, dans les terres, par des fous d’Allah préparant un putsch visant à instaurer une république islamique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La dernière planche du précédent opus se concluait de manière hallucinante : une explosion nucléaire dans la gare de Moscou ! Dans ce troisième volet, Jean-Yves Delitte fait table rase de la précédente intrigue : l’action se déroule 1 an après ces évènements incroyables, sans grande causalité, ni épilogue… Seul l’un des personnages principaux, Youri Wladimir, le seul en qui l’on trouve des traces de probité, reprend du service dans de nouvelles fonctions. L’autre fil rouge, c’est bien entendu le climat de déliquescence sociale régnant dans les nouvelles républiques de l’ex-URSS, sortant engourdies d’un demi-siècle de régime soviétique. Comme les autres, l’Azerbaïdjan a été confusément propulsé dans l’économie de marché capitaliste lors de l’éclatement du « bloc de l’est ». Il en est résulté un monstre de société, mafieux et perverti à tous les niveaux. Le climat de corruption généralisée décrit par Les Nouveaux Tsars n’est sans doute pas très loin de la réalité (à en croire les reportages géopolitiques hallucinants qu’il nous est parfois donné de voir…). De plus en plus révoltant au fil des épisodes, le polar politique appuie juste sur les aspects catastrophiques. Orchestrant à 100% la série, Delitte met en scène un nouvel engrenage complexe où intérêts politiques, exploitations minérales, enjeux économiques et extrémisme religieux sont intimement liés. C’est une nouvelle fois palpitant et savamment alambiqué, bien que l’inexpressivité des personnages force à la concentration. Et Delitte de continuer son rythme impressionnant de production, sur son style graphique réaliste très soigné. Car après Les Brigades du Tigre en avril, le tome 7 des Coulisses du pouvoir est annoncé pour octobre, toujours mis en images par ses crayons experts…
