L'histoire :
Avant d’accueillir l’année 1936, Marinette et ses camarades chantent l’hiver bien au chaud dans la salle de classe, tandis que dehors, la neige épand son grand manteau. La cloche sonne pourtant bientôt le début des vacances, pour offrir à Jeannot et Jacques une première distraction : un pugilat en bonne et due forme. Une seule raison à cet échange de coups : gagner définitivement le cœur de la petite Marinette et en faire une bonne fois pour toute sa fiancée. C’est pourtant oublier que notre gentille amie n’aime pas les brutes sans cervelle. C’est oublier aussi que le bon curé de la petite paroisse sait y faire pour agripper une ou deux oreilles et accompagner à confesse les belligérants. Laissant ces prétendants rendre des comptes au prêtre, Marinette se presse sur le chemin de la maison. La nuit tombe vite, l’hiver. Et accompagnée de quelques bruits inquiétants de la campagne, elle ne tarde pas à s’effrayer à la moindre occasion. L’angoisse est à son comble, lorsqu’au détour d’un chemin, elle entend le bruit d’un gros moteur. Bientôt une porte claque, les bruits de pas sur la neige s’amplifient. Un homme lui adresse la parole. Elle n’ose répondre : on lui a toujours dit de ne pas parler aux inconnus. Et justement…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième mouvement nous contant la jeunesse de la plus délicieuse des grands-mères du 9éme art. Ce nouveau chapitre invite le papa de Mamette / Marinette à pointer le bout du nez. Dans cette campagne ouatée par la neige hivernale où la petite a trouvé refuge – le temps que ses parents règlent leurs problèmes de couple – on retrouve ce même entrelacs invitant humour, tendresse, poésie et douce mélancolie. Le récit offre une nouvelle fois (plus encore ici) une double entrée permettant de donner du grain à moudre à un très large lectorat. Ainsi les uns seront conquis par ce Noël qui palpite à qui mieux-mieux. Ils se régaleront aussi des disputes à coups de poings et bâtons d’affreux-jojos (dont Jacques, le futur époux de Mamette) voulant conquérir le cœur de notre gentille héroïne. Ou encore ils s’inquiéteront de cette mince épaisseur de glace qui se brise soudainement. Les autres laisseront volontiers éclairer leur lanterne des raisons de la séparation des parents ou des origines de l’animosité entre grand-père et paternel. Ils apprécieront aussi la leçon de tolérance (et d’a priori) distillée via le personnage de Désiré. Et ils trouveront malin – scénaristiquement parlant – de découvrir une étonnante conclusion laissant planer le mystère sur les activités du papa. Tous, en tout cas, se laisseront une nouvelle fois attendrir par cette petite fille à la douleur taiseuse et pourtant si habilement distillée par de justes petites touches. Car si, au final, le récit est dense et moins superficiel qu’il pourrait le laisser croire en apparence, tout est posé délicatement. La série prend ainsi ici véritablement corps, offrant à la fois relief et divertissement à portée d’enfant. Un vrai régal, parfaitement mis en musique par un dessin aussi tendre et rond que les joues de ce petit bout de fille là.