L'histoire :
Marinette prends pour la première fois le train avec sa maman : 5 ou 6 heures de voyage à travers la campagne pour un petit séjour chez ses grands parents. Pourtant, cette première est loin de l’enthousiasmer. Car l’idée de quitter ses parents pour se retrouver en compagnie de vielles personnes qui sentent le bouc à plein nez, n’a rien d’emballant. Seulement, les parents de la petite fille ont besoin de faire le point. Et puis, l’air de la ferme lui fera le plus grand bien : les belles plantes y poussent sans difficulté… L’accueil à la ferme est plutôt frisquet. Pépé et Mémé goûtant moyennement l’arrivée d’une petite fille qu’ils ne connaissent pas. Du reste, Jeanne, la maman de Marinette, ne s’attarde pas, laissant sa fille seule avec des « inconnus ». C’est le grand-père qui fait le premier pas en proposant à la petite citadine un verre de lait de chèvre (BEURK !... j’en veux encore !) et une leçon pour manier elle-même les pis du mammifère à barbiche rigolote. Rien de tel, ensuite, après cette difficile journée, que le confort d’un bain chaud, un repas copieux et un lit douillet. Néanmoins pour tout luxe, Marinette se contentera : de l’air ronchon de tata Suzon (c’est sûr, elle en veut à Maman !) l’aspergeant alternativement d’eau bouillante et glacée ; d’une soupe claire ; d’une chambre pullulant de souris et d’araignées. Bref : un véritable petit paradis…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Petite bonne femme pétillante d’humour aux formes attendrissantes, rappelant la religieuse au chocolat, Mamette promène sa bonhomie sous la douce plume de Nob depuis 4 albums déjà. Pour renouveler son angle de narration, ce dernier a eu la judicieuse idée de rappeler à son lectorat, qu’avant d’être une grand-mère à chignon, cette gentille vieille dame a été une petite fille, elle aussi. Ainsi, il répond au désir qu’ont souvent nos chérubins de pouvoir matérialiser l’enfance de leurs ainés : tellement surprenant d’imaginer parents ou grands parents dans leurs costumes de gamins souffrant de l’injustice des adultes, tout comme eux aujourd’hui. Aussi, cette ouverture de série (emballée dans un petit format souple de 80 pages qui semble devenir l’identifiant des albums ciblant les jeunes filles) nous propose un saut de plus de 70 ans : Marinette/Mamette est confiée à ses grands parents pendant que les parents règlent des problèmes conjugaux. Le cadre rural proposé et la rencontre des générations offrent ainsi un terrain propice à des situations drôles et attendrissantes. Cependant, cette petite fille ne parvient pas encore à nous toucher à la hauteur de nos attentes (plus vieille, elle fait un carton de ce côté-là). Vraisemblablement parce qu’il veut avant tout nous faire les présentations, Nob se contente d’effleurer le sujet : on aurait aimé que les antagonismes ruro-urbains ou générationnels soient plus marqués pour plus d’humour, plus d’émotions ou plus d’actions. De même, on ne croit pas un instant se retrouver dans les années 30, aucun élément ne nous y conduisant (c’est pourtant sympa, ce biais, pour une petite leçon d’histoire). Heureusement, le dessin poétique, à l’instar du graphisme de Mamette (peut être même un poil au dessus), nous laisse la promesse d’une série en devenir : mieux valait d’entrée ne pas mettre la barre trop haut…