L'histoire :
Charleston : Fini l’Europe et les emmerdements français, allemands ou italiens (voir tomes 1 à 5) : Louis Ferchot, surnommé La Guigne, est bien déterminé à croquer la « Grosse Pomme » à pleines dents. Et c’est sur les docks de Brooklyn qu’il fait ses premiers crocs… Ici comme ailleurs, malheureusement, les salauds sont légion. Ferchot doit intervenir pour secourir des travailleurs noirs pris à partie par quelques dockers racistes et violents. Au final, il gagne le droit de perdre son boulot sans même qu’on lui verse le moindre cent. Et comme la déveine semble à nouveau le pourchasser, en regagnant son hôtel miteux, il est témoin d’un assassinat…
Les vagabonds : Enchristé à Sing Sing pour avoir molesté un policier (voir tome 6), Louis Ferchot évite tant bien que mal embrouilles et mauvais coups. Seul le souvenir de sa douce et tendre Bonnie l’aide à s’évader un brin. Il y a aussi Bix et Richie, deux lascars dont l’amitié l’empêche de gamberger trop souvent. Mais La Guigne ignore que Rosebud, décidé à faire payer à Bonnie le prix de sa trahison, a placé dans l’établissement quelques mouchards. Attentifs aux confidences de Louis, ils attendent le moindre faux pas pour tenter de localiser sa jolie fiancée…
Fureur : Cinq ans ont passé depuis que Louis Ferchot a retrouvé sa petite Karen. Convaincu qu’il a réussi à semer Rosebud, en lui jouant un joli tour de passe-passe, il est de retour à New York pour élever la gamine avec l’aide de Bix, son vieux copain. Employé comme saxophoniste dans un cabaret sous le nom de Warmsteel, le frenchie réalise une imprudence qui met Rosebud sur sa piste. Mais cette fois le bandit est décidé d’en finir une bonne fois pour toute : il confie l’affaire à l’un des plus fameux tueurs à gages du milieu : le Quaker…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après France, Allemagne et Italie, cette deuxième intégrale (regroupant les tomes 6, 7 et 8 de la série) nous propose le volet américain des péripéties de notre poissard de génie. De la Grosse Pomme à Frisco, Ferchot ne ménage à nouveau pas sa peine pour démontrer que son surnom s’ajuste comme un gant. C’est d’ailleurs une bonne idée que de catapulter le bonhomme outre-Atlantique dans ce contexte socio-historique, ciselé aux petits oignons, pour que, sans trop rien faire, les ennuis pointent le bout du nez en une ou deux planches maxi. Crise économique et misère à gros bouillon, racisme en veux tu- je t’en donne, prohibition et son cocktail de mafieux, musiciens jazzy miteux, prison et sa palette de tronches ou de nouveaux copains gratinés, vieille connaissance et tueur à gages avec étrange conception religieuse… Qu’il s’agisse d’intrigues avec assassinats inexpliqués et vengeance, de road movie chaotique à la recherche d’une enfant ou d’échapper à un tueur revanchard, notre frenchie a ainsi à sa disposition tout l’attirail pour que tout déraille en grand. Et d’ailleurs, même quand amour et paternité s’invitent avec quelques velléités de bonheur mérité, ce n’est que pour mieux le gifler un peu plus fortement… A nouveau gourmand de rebondissements et d’action, usant de dialogues travaillés, multipliant les protagonistes, liant intelligemment les tomes entre eux (bien que chacun puisse se lire indépendamment), l’ensemble ne prend qu’à demi. Et même si notre intérêt monte d’un cran en comparaison des opus précédents, la force charismatique du personnage principal est malheureusement absente une nouvelle fois. C’est dommage, car dotée d’une telle caractéristique, la série aurait pu être un petit bijou. Le format choisi pour cette édition intégrale appauvrit malheureusement aussi la qualité du dessin de Jean-Paul Dethorey (en tuant au passage nos yeux) qui pourtant fait convenablement le boulot.