L'histoire :
Le président Jimmy Carter a été victime d'un attentat qu'un groupe de militaires fascisants attribuent à la communauté noire qui milite pour ses droits, alors qu'il a été commis par Mila, l'alter ego de Darby. Les deux créatures aux pouvoirs extraordinaires qui captent l'énergie de la lumière vont forcément se retrouver face à face, alors qu'ils étaient tous les deux lourdement handicapés et tenus à l'écart de la société avant de se transformer en créatures surpuissantes. Darby est recherché par la police pour avoir soi-disant exécuté le complot des Black Panthers contre le président. Son frère est revenu du Vietnam en fauteuil roulant, gravement blessé par une grenade, il est devenu photographe d'un journal pacifiste qui a marqué l'opinion avec les photos de cadavres de guerre qu'il avait prises. Le professeur Henkel continue de travailler à la maîtrise des pouvoirs de Mila, il est dédié au groupe d'officiers qui vise la prise du pouvoir. Leur plan est simple : il faut provoquer des affrontements radicaux entre les populations noires et les blancs, en tendant des pièges aux premiers et en leur attribuant les pires crimes avec le soutien des médias désinformés. Avec le procès du militant Gabriel King, et des témoignages bidons qui l'accusent du meurtre de Carter avec la complicité de « l'Homme Lumière », le plan des complotistes avance de manière inexorable. S'il est condamné à mort, les militants noirs seront dans la rue, et les affrontements tant attendus se produiront inévitablement. Mais tout n'est pas joué, Billy, le jeune garçon qui communique avec les animaux, va jouer un rôle dans la suite des évènements, et Darby ne compte pas se laisser faire.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'impressionnante saga super-héroïque de Brunschwig et Perger se termine de manière aussi spectaculaire qu'elle a débuté. Chaque personnage va prendre encore plus de place, comme dans la grande tradition des comics américains qui marquent les esprits. Non seulement Darby, mais également Mila son alter ego très sombre, et le jeune Billy qui est lui aussi une sorte de super-héros. Le tout s'appuie sur un contexte social qui rappelle les années 70 lorsque les héros américains de Marvel ou DC prenaient petit à petit conscience de la société qui les entouraient. Le scénariste dit volontiers qu'il a rendu hommage à Photonik, comics français culte créé par Cyro Tota en 1980, mais c'est tous les codes du genre qu'il utilise ici avec brio, y compris en nous faisant attendre avec une impatience coupable le moment de l'affrontement entre Darby et Mila. Stephane Perger est parfaitement à l'aise pour déployer des pages spectaculaires et des découpages ultra dynamiques qui accompagnent remarquablement les séquences de montée en puissance. Ses couleurs directes sont très belles avec ces multiples nuances de jaune qui donnent une cohérence et une marque visuelle incroyable. Dans ce dernier volume, le contexte social, la violence de la société américaine contre la minorité noire, sont très appuyés, prenant parfois le pas sur les enjeux du personnage auquel on s'est forcément attachés. Mais c'est pour mieux nous surprendre et nous amener vers une conclusion forcément inattendue. Sur une idée de base proche du personnage créé par Tota, Brunschwig a créé un concept fort et puissant, une vraie histoire spectaculaire sur le thème des super-pouvoirs, qui se hisse sans problème à la hauteur des classiques du genre.