L'histoire :
Le jour se lève à peine que le doux ronron des camions poubelles murmure à Mamette qu’il est temps de se lever. C’est qu’une journée de Mamette, ça commence tôt ! Surtout que depuis qu’elle héberge son Choupinet de fiston qui a perdu femme et boulot, il y a du pain sur la planche ! Sans elle derrière lui à chaque instant, les parties de flippers, les répètes avec le groupe de rock et les plans jukebox à gogos remplaceraient allégrement la recherche d’un emploi. Au moins, elle n’a pas le temps de s’ennuyer et c’est tant mieux. Car depuis que ce diable de petit Maxou et sa maman ont quitté le quartier, elle doit se contenter d’une missive trimestrielle pour donner et prendre des nouvelles. Elle en a pourtant des choses à lui raconter ! Et des biens plus intéressantes que les parties de Scrabble au club ou le thé dansant. Ce régime, par exemple, qu’elle suit scrupuleusement depuis son pépin cardiaque. Ou encore l’héritage de cette grognon de Pinsec. Mais surtout, sa rencontre avec Camille, un ancien sociétaire de la comédie française, à qui la mémoire joue de vilains tours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce 4e chapitre de Mamette, Nob continue, comme peu d‘auteurs avaient su le faire avant lui, de nous conter la vieillesse avec une infinie rondeur. Car au-delà du profil briochée de son héroïne, il s’agit bien pour lui d’aborder, avec un incroyable savoir faire, des sujets on ne peut plus sensibles et sérieux. Un peu comme si sa sympathique grand-mère était le coton qui garnissait le gant que le quotidien utilise pour asséner ses coups. Aussi, réussissant le parfait équilibre, Nob distille tendresse, humour, poésie pour narrer le quotidien de cette septuagénaire. Un récit parfaitement synchrone avec la réalité de nos seniors : grands « gamins » encore dépendants (chômage, revers de couple), décalage technico-générationnel, mort, maladie, solitude, vie amoureuse, alimentent avec beaucoup de justesse un récit qui se veut d’abord souriant. Jamais on ne se moque vraiment, jamais on ne caricature grossièrement, jamais on ne se laisse aller au drame ou au larmoyant : la bonhommie berce, la gentillesse arrondit les angles, la tendresse relativise en un si doux fatalisme qu’on s’en accommoderait définitivement… On retrouve ici notre grand-mère (c’est sûr, elle est bien à nous), son fiston et la Pinsec, là où on les avait laissés : régime obligatoire et départ du petit Maxou pour l’une ; chomago-flemingito-dépression pour le Choupinet et héritage pour la grognon. Seule nouveauté : l’arrivée dans ce jeu de quille d’un retraité de la comédie française, malade de la mémoire, qui ne laisse pas Mamette indifférente. En somme, un condensé de vie ordinaire servi par le « gaufrier » poétique d’un Nob à jamais amoureux de la vieillesse, pour notre plus grand bonheur à nous petits et… vieux.
