L'histoire :
Le soir de la finale de la coupe du monde de foot 1978, deux agents des services de police tchécoslovaques sont envoyés sur la scène de ce qui ressemble à un suicide. Un russe est tombé de la fenêtre de son appartement, une chute fatale de cinq étages. Ils fouillent les lieux et découvrent derrière une bibliothèque une série de documents qui semblent indiquer que le soi-disant suicidé n'était pas n'importe qui. Une série de passeports avec des noms et des nationalités différentes, et surtout un manuscrit au titre de roman, qui devait être remis à un certain Walter Thompson au Pachtuv Palace de Prague. Le rendez-vous est dans deux jours, ce qui laisse le temps aux agents de prendre connaissance du document. L'opération "Canard" organisée par le NKVD soviétique pour approcher Trotsky dans sa maison au Mexique, et aboutir à son assassinat. Visiblement l'auteur de ces lignes était l'agent formé par Moscou pour approcher l'ancien compagnon de route de Lénine. Les deux policiers décident de se rendre au rendez-vous programmé avec le probable éditeur du livre. Leurs faits et gestes sont épiés par des agents du KGB, et leur hiérarchie ne semble pas les soutenir dans leurs investigations. Seul Pavel va avoir le courage de poursuivre. Il commence par découvrir la vie de Ramon Mercader.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'assassinat de Trotsky est un fait historique qui marque la prise en main totale de Staline sur l'héritage de la révolution russe. Cette plongée dans l'histoire d'un agent secret chargé du meurtre est menée comme une enquête policière sur fond d'espionnage. Nous sommes en pleine période post guerre froide, la Tchécoslovaquie est sous domination soviétique, les deux agents ne sont pas totalement libres de leurs mouvements. Le manuscrit est utilisé pour permettre des flashbacks dans les années 30, qui constituent la plus grande partie de l'album. Quelques pages sont consacrées à l'histoire de Trotsky. Elles permettront à tous les lecteurs de raccrocher la partie historique nécessaire pour apprécier le contexte politique de l'élimination de celui qui s'opposa à Staline. Des codes visuels avec des jeux de couleurs différents nous permettent de changer d'époque et d'atmosphère de manière assez naturelle, le dessin assez sombre de Stéphane Bervas colle à l'ambiance polar de l'ensemble. Il nous gratifie de quelques beaux décors, lorsque l'action le lui permet, avec une préférence pour un découpage dynamique au service de l'action. L'entrée en matière est efficace, on approche de la future victime, mais tout devrait se passer dans le second tome. Tout est en place, en tout cas, y compris le petit doute en toute dernière page qui provoque l'impatience nécessaire.