L'histoire :
Pavel va retrouver son ami Gustav, psychanalyste, et par ailleurs son amant. Il peut se confier en toute confiance sur la découverte qu'il a faite en fouillant l'appartement de ce citoyen soviétique qui s'est mystérieusement suicidé en sautant par la fenêtre, en laissant derrière lui des traces qui font douter de la version officielle. Il évoque le manuscrit signé de la main de Ramon Mercader, l'assassin de Trotksy. Un manuscrit qu'un citoyen américain était sur le point de venir récupérer lors d'un voyage à Prague. Pavel l'a rencontré sur la base d'un document trouvé dans l'appartement qu'il a fouillé. Pour l'heure, tout est resté secret, l'agent n'en a pas informé sa hiérarchie, il a besoin de conseils. La conversation entre les deux hommes les replonge dans l'histoire de cette année 1940. Trotsky vivait à Coyoacan, un quartier de Mexico, avec sa femme et des amis proches. Parmi eux, Sylvie qui est devenue deux ans plus tôt la femme de Ramon, sous l'un de ses nombreux noms d'emprunt. Ramon se rapprochait petit à petit du cercle des familiers de sa future victime. Le 24 mai dans la nuit, un commando s'introduit dans la propriété, crible de balles les murs de la maison, mais laisse indemne le propriétaire des lieux. Une initiative inexplicable qui va précipiter les évènements.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Parfaitement séquencée avec le premier tome, cette suite et fin raconte à la fois l'assassinat de Trotsky et les conséquences de la découverte du manuscrit par l'agent tchèque dans un appartement qu'il n'était pas censé fouiller avec autant de zèle. La double narration construit un vrai suspense qui n'aurait pas été présent si les auteurs nous avaient juste raconté l'assassinat, dont la date et le mode opératoire sont connus et font partie de l'histoire. Patrice Perna n'est pas un débutant, ça se voit dans la mise en scène très habile et parfaitement équilibrée entre les deux époques. Le scénariste enrichit par ailleurs son récit de quelques citations et références bibliographiques (juste ce qu'il faut) qui appuient sa crédibilité. Avec une belle dynamique dans ses scènes d'actions (et des paysages d'après photos très réalistes), Stéphane Bervas porte cette histoire avec efficacité. La scène de l'attaque de la villa est très spectaculaire. On aime les moments où il se lâche et fait littéralement exploser ses cases pour nous immerger dans la violence confuse de la scène. Bien racontée sur deux tomes qui donnent le temps nécessaire, cette séquence historique un peu éclipsée par le début de la deuxième guerre mondiale s'avère passionnante. On revient mine de rien sur ce qu'a représenté le stalinisme, par petites touches dosées dans un suspense accrocheur.