L'histoire :
En Béotie à Thespies, la belle Liriope se baigne nue dans l’étang, se croyant seule. Elle ne voit pas un homme qui l’observe, tout proche, le regard avide. L’inconnu profite de la situation pour la violenter. Neuf mois plus tard, Liriope, enceinte de cette terrible union, accouche d’un beau garçon qu’elle appellera Narcisse. Quelques années plus tard, elle se rend à Thebes, où elle veut voir Tiresias. C’est le personnage du moment, sa réputation dépasse les frontières. En effet, les rumeurs courent concernant cet étrange vieillard. Certains disent qu’il a perdu la vue et qu’en échange, les dieux lui ont accordé un don bien plus fort : celui de voir l’avenir. Avec ce nouveau pouvoir, il risque d’être souvent sollicité. Pourtant, Liriope est seule à l’attendre. Certainement parce que beaucoup hésitent encore à connaître leur destinée. Le vieil homme finit par l’accueillir et les on-dit disaient vrais : ses pupilles sont vides. Il lui demande alors les raisons de sa visite : Liriope, qui veut le meilleur pour son fils unique, demande ce qu’il arrivera à Narcisse dans le futur. La prophétie de Tiresias est sans appel : il vivra longtemps, à condition... qu’il ne se regarde pas.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection La sagesse des mythes s'intéresse de plus en plus aux personnages « secondaires » de la mythologie. Secondaires et pourtant passionnants, comme le très connu Narcisse ou le sculpteur Pygmalion. Deux mythes pour le prix d’un : c’est étonnant et nouveau... Clotilde Bruneau trouve une idée remarquable pour lier ces deux histoires. S’il faut bien « nourrir » l’album, ces deux récits étant rapides à raconter, c’est aussi une bonne formule que de les coupler, puisque les deux surfent sur le signe de l’amour. L’un n’aime que lui et l’autre aime sa statue. La narration de Bruneau reste efficace et maîtrisée tout en étant très fidèle à la mythologie initiale. Ceux qui ne connaissent pas ces deux personnages vont donc connaître les détails de leur destin, non sans découvrir quelques histoires annexes comme le devenir de la nymphe Echo ou l’apparition de personnages importants comme Tirésias ou le passeur Charon. L’interprétation philosophique de Luc Ferry est également un temps fort dans les annexes de la BD. Diego Oddi réalise de son côté une belle prestation graphique avec de très chouettes décors et des personnages charismatiques, hormis les dieux malheureusement, désespérément trop humains. Ces deux récits réussis prouvent la valeur de La sagesse des mythes.
