L'histoire :
Tandis qu’il lave son linge à la rivière, Pierre Gringoire, à l’automne de sa vie, propose de raconter un morceau de sa jeunesse à sa petite fille, Garance. Jadis, en l’an 1482, il avait été écrivain à Paris. On lui avait alors confié la lourde responsabilité d’écrire un « mystère » pour l’occasion de la fête des fous, dont l’apothéose devait être l’élection d’un nouveau pape. Mais ce jour-là, un gueux avec une sacrée gouaille, Clopin Trouillefou, était monté sur scène pour perturber le spectacle… et le public s’en était amusé, croyant qu’il faisait partie de la troupe. Puis était apparu un homme monstrueux, difforme, haut-perché au-dessus de la scène. Le public connaissait de réputation le sonneur de cloches de Notre Dame, Quasimodo. Ils l’avaient aussitôt élu « pape » à l’unanimité et s’en étaient allé fêter ça à l’extérieur… Le spectacle de Gringoire était un désastre. En se dégourdissant ensuite les jambes dans les rues de la capitale, Gringoire avait alors assisté à une chorégraphie époustouflante, menée par une jeune gitane d’une beauté qui l’avait aussitôt subjugué aussitôt, la Esmeralda. Dans la foule, l’archidiacre de la cathédrale, Dom Claude Frollo avait crié « Sorcière »… ce qui avait irrité la jeune femme, pourvue d’un sacré caractère…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comme l’avait fait Régis Loisel en son temps avec son Peter Pan, Robin Recht et Jean Bastide proposent ici une splendide relecture du chef-d’œuvre de Victor Hugo, Notre Dame de Paris. Comprenez que le scénariste Robin Recht ne fait pas une adaptation stricte ou littérale du roman, mais que son interprétation en respecte largement la trame, l’ambiance, le cadre historique, la symbolique, l’élégance du texte et des dialogues, et les nombreux mérites. D’emblée, la préface élogieuse de Mathieu Laufray est un gage de qualité… et on n’est effectivement pas déçu ensuite à la lecture. Ce premier tome (sur 3 prévus) reprend en gros le contenu du livre I du roman d’Hugo. Il pose subtilement le contexte et présente les cinq principaux protagonistes : Gringoire, Quasimodo, Esmeralda, Frollo et Phœbus. Les caractères de chacun sont impeccablement cernés et rendus par le coup de crayon virtuose de Bastide. Entre autre, Quasimodo est véritablement difforme et repoussant ; quant au minois de la Esmeralda, à la fois femme-enfant et femme-fatale, il fera craquer les lecteurs. Ajoutez à cela un cadre historique somptueux, riche en détails et baigné dans des ambiances idoines, ainsi qu’un découpage et des cadrages limpides et experts, et vous comprendrez que le niveau technique et le talent de Bastide le placent déjà au rang d’un Loisel !