L'histoire :
Paris, 1482. Sans raison claire, Quasimodo, le hideux sonneur de cloches de Notre Dame, a agressé une mignonne bohémienne nommée La Esmeralda, dans une ruelle de la capitale. Le colosse bossu a été neutralisé par le fringuant Phoebus, capitaine de la garde, puis embastillé dans le Grand Châtelet. C’est là que l’archidiacre Frollo, qui s’occupe de Quasimodo depuis son enfance, lui rend une visite nocturne en compagnie d’un mystérieux et puissant personnage. Le geôlier est seul à reconnaitre en ce visiteur le Roi Louis XI… Celui-ci, ami de Frollo, use de son pouvoir pour adoucir le châtiment de Quasimodo. Ce sera juste 20 coups de fouets publics. Pendant ce temps, l’ingénue Esmeralda ne songe plus qu’à Phoebus, dont elle est tombée éperdument amoureuse. Elle a certes accepté de « se marier » à Pierre Gringoire, écrivain raté, mais c’était uniquement pour le sauver du gibet auquel l’avait condamné la cour des miracles. Le jour du châtiment de Quasimodo, en place de Grève, le peuple est venu en nombre. Phoebus observe en hauteur, depuis la fenêtre de sa promise, Mademoiselle Fleur-de-Lys. Le bourreau ne ménage pas sa peine et le bossu hurle de douleur. Or, une fois les 20 coups de fouets assénés, il n’y a qu’Esmeralda, son ex-victime, pour prendre pitié et lui apporter de l’eau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Robin Recht et Jean bastide terminent là une adaptation relativement fidèle, sans se départir d’aspects spectaculaires et rythmés, de Notre Dame de Paris. Désormais terminé, le diptyque offre une idéale synthèse grand-public, pour qui voudrait découvrir le célèbre roman de Victor Hugo sans se fader les 500 pages du bouquin. Certes, il y aura toujours des puristes pour d’indigner des ellipses et approximations (rien ne vaut jamais l’œuvre originale)… Toutefois, dans le registre de l’adaptation, avouons que c’est tout de même très réussi. Le premier tome avait planté le décor et présenté les personnages principaux, ainsi que leurs psychologies savamment imbriquées pour aboutir à une issue magnifiquement tragique (Ananké signifie fatalité). De nouveau, les cinq acteurs jouent impeccablement leurs partitions : brute sensible, Quasimodo est véritablement monstrueux ; naïve et sexy, Esmeralda est trop craquante ; Frollo incarne un admirable frustré diabolique ; le prétentieux Phoebus donne des envies de baffes ; enfin Pierre Gringoire sert de narrateur passif et gardien de la Mémoire. Amours impossibles et torturées, candeur comme déclencheur du chaos, critique acide de la religion et du pouvoir : les thèmes et les symboles se dégagent plutôt bien de cette version, découpée et mise en scène de manière très cinématographique. Car à travers son dessin et ses cadrages, Bastide montre une fois de plus toute l’étendue de son talent, qui ne manque ni de références, ni d’avenir. Des scènes présentées sous un prisme emphatique, ou des regards en gros plan (aaah Esmeralda…) marqueront assurément les esprits…