L'histoire :
Un concours de sorcière se tient au milieu d'une arène, où le public vote à l'aide d'un boîtier, tandis que le score de chaque candidate apparaît au dessus d'elle. A priori une excellente idée, sauf lorsque celle qui l'emporte a montré des talents involontaires en faisant brûler la quasi totalité de ses vêtements. Rien à voir avec la magie, mais c’est elle qui l’emporte. Pepper est démoralisée. Elle travaille tous les jours pour améliorer ses pouvoirs, mais refuse les conseils d'un génie qui a tout d'un charlatan. Au lieu de faire progresser ses sorts de destruction, elle fourmille d'idées toutes plus jolies les unes que les autres, mais qui ne l'aideront certainement pas à se faire un nom. Heureusement, le chat Carrot est là pour la soutenir, quand il n'est pas lui-même à l'origine de catastrophes lorsque Pepper a le dos tourné...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'origine, Pepper et Carrot est un webcomic publié par David Revoy grâce au soutien de quelques centaines de fans, qui permettent à chaque épisode de voir le jour, l'un après l'autre. La démarche est désormais familière, le financement par les fans touchant des artistes de tous les domaines. Grâce parfois à des mises individuelles très modestes, ils peuvent ainsi continuer à développer leurs projets. Pour l'auteur des mésaventures de la jeune sorcière, c'est un moyen d'accéder à un public avant une éventuelle publication en album, ici chez Glénat. Rien ne distingue au final les pages imprimées de celles que l'on peut lire en ligne, le livre permettant néanmoins de mettre en évidence les progrès réalisés par l'inventeur des mondes d'Hereva. Avec ces histoires courtes humoristiques qui se terminent sur une surprise ou un gag, c'est toute la technique de la mise en scène d'une idée que Revoy met en œuvre. Ce n'est pas toujours facile, tant les maîtres du genre ont établi les codes, mais il a le mérite de le faire sans état d'âme, sur un ton très jeune, qui vise un public de préadolescents, ou de jeunes adultes bercés au rythme du manga et du jeu vidéo. C'est là que se trouve l'inspiration culturelle de Revoy. C'est visiblement dans ces univers qu'il a grandi, et c'est dans ce public que Pepper et Carrot trouvera potentiellement ses adeptes. Le dessinateur excelle dans les décors luxuriants et les personnages aux gueules marquantes, en s’appuyant sur une technique numérique visiblement maîtrisée. Mais il manque encore une science précise du découpage, ou des choix graphiques pour mettre en scène le mouvement pur. Tenu par une esthétique très léchée, il n'emploie pas totalement les effets du manga, comme ces grands traits qu’il hésite encore à utiliser. Dans cet exercice aux frontières de deux mondes narratifs, l'auteur se cherche encore un peu, mais son travail a déjà les atouts pour distraire les jeunes lecteurs.
