L'histoire :
Quelque part au pôle Nord, deux oursons blancs réveillent leur papa Pol très occupé à faire la sieste en pensant à son amoureuse (Lili). Ils s’ennuient, ils n’ont rien à faire. Réveillé en sursaut, leur père leur conseille de faire des oursons de neige – ce qu’ils ont déjà fait en centaines d’exemplaires – du patinage – ce qui est dangereux – ou de jouer à cache-cache – ce qui est impossible, étant donné que c’est tout plat et qu’il n’y a nulle part où se cacher. En outre, les deux oursons trouvent bien dégueu l’éventualité d’aller aider leur oncle à trier sa collection de détritus humains. Pol s’agace : qu’ils se débrouillent, qu’ils fassent jouer leur imagination ! Alors les deux frangins décident de faire… du trampoline sur le bidon de Pol.
Plus tard, Pol propose à ses enfants de leur apprendre à chasser le phoque. Pour cela, il leur explique qu’il faut trouver un coin de banquise où il y a déjà des trous de phoque, des ouvertures nécessaires pour permettre à ces mammifères de venir respirer de temps en temps. Ils s’approchent d’un tel site, sans faire trop de bruit, afin que les phoques ne les repèrent pas à travers la glace. Puis ils se mettent en position de chasse devant trois trous situés côte-à-côte, et attendent. Il faut bien deux heures avant qu’un phoque ne passe la tête… évidemment pas à côté du trou où attendait Pol. Pol bondit donc sur le troisième trou… mais le phoque le fait tourner en bourrique en venant passer la tête par le premier trou…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est l’histoire d’un certain réchauffement climatique qui est en train de nuire dramatiquement à l’habitat des ours polaires. Allons bon, vous n’étiez pas au courant ? Pourtant les BD prenant l’écologie pour thème pullulent depuis quelques mois, comme autant de départs de feux de forêt. Dans Pol polaire, l’autrice Caroline Soucy choisit le prisme de l’humour et des historiettes gaguesques, sans faire de l’alarmisme convenu un propos central. Ce qui est un bon point de départ. Le ton est plutôt celui des aventures bon-enfant et quotidiennes d’une famille monoparentale d’ours, qui pâtissent certes des affres de la pollution humaine (le tonton collectionne les détritus !), mais qui vivent surtout leur traditionnelle vie d’ours en pareille situation de crise. Or comment peuvent donc bien s’occuper les ours polaire dans une région aussi morne et inhospitalière que le pôle Nord ? La chasse au phoque sera donc un objectif majeur, et son apprentissage perturbé par la facétie des phocidés, un running-gag. Les bestioles (ours, phoques, baleines, bœufs musqués, narvals, pingouins) sont expressives et attachantes, à travers le joli coup de crayon zoomorphique de l’autrice, qui n’a guère la tâche complexe s’agissant des décors : la banquise, c’est assez sommaire à reproduire. Le registre humoristique manque en revanche de ressorts, sa bornant à des chutes un peu poussives et banales.