L'histoire :
Gladis est une dame comme tout le monde que son filleul envoie vivre une première expérience de psymulation, une partie de ReV, jeu virtuel totalement immersif dont elle découvre les incroyables dimensions. Arrivée dans une sorte d'immense hall de gare peuplé de silhouettes éthérées, elle est abordée par Io, un autre joueur qui va l'accompagner comme une sorte d'ange gardien, sans intervenir sur le cours de son jeu. Il lui explique que chaque étape qu'elle va vivre ne dépend que d'elle, que ses découvertes sont liées à ses réactions successives. Pas de scénario écrit à l'avance, si bien que Io pense que ce jeu cache un mystère qui les dépasse, une sorte de structure immatérielle qu'aucun des joueurs ne connait. Elle monte à bord d'une sorte de train, aperçoit d'autres joueurs assis un peu plus loin, mais qui semblent vivre un scénario totalement différent. En revanche, ils aperçoivent tous par la fenêtre une sorte de monolithe inversé suspendu au-dessus d'un paysage montagneux. C'est le pointeur, le lieu de la fin de toutes les parties, mais il est bien trop tôt pour y songer. D'autant que, soudain, le train explose littéralement sous l'effet d'une bombe déclenchée par un groupe d'illuminés religieux. Les passagers sont projetés dans toutes les directions, Gladis atterrit au pied d'un arbre immense et fait la rencontre d'une créature improbable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Edouard Cour n'a visiblement pas l'intention de rentrer dans le rang tout de suite. Il poursuit sa carrière d'auteur très actuel avec une nouvelle création visuellement ébouriffante qui nous plonge dans un univers de jeu, un espace purement virtuel qui change et fluctue de manière totalement imprévisible. L'expérience est immersive avec ces personnages aux formes bizarres ou aux visages ultra schématiques. Le délire dure près de cent pages, pendant lesquelles on vit les changements de lieu, les rencontres folles et les chocs visuels. La technique graphique du dessinateur mélange toutes sortes d'approches. De la couleur par endroits, des images numérisées, des pleines pages aux compositions super léchées, comme des illustrations d'une époque ancienne. Le livre semble également bourré de références, avec une sorte de Maître Yoda survolté et grossier et tout un tas de situations qui évoquent plus que ce qu'elles montrent. C'est assez bluffant, graphiquement. L'idée est prenante, même si l'absence de logique apparente ne plaira pas à tous. L'expérience vaut en tout cas d'être tentée, d'autant qu'on ne doit plus être très loin, techniquement parlant, du concept d'Edouard Cour, à savoir quitter la réalité en connectant son cerveau à un monde parallèle ou nos propres délires prennent formes.