L'histoire :
À l’annonce des prochaines noces des futurs et jeunes souverains – Aram fils d’Alvar et Mara fille de Honim – deux bergers et leurs troupeaux sont cruellement attaqués par des vampires volants, tandis que l’attaque cérébrale de Honim retarde d’une semaine les festivités. Ce contretemps permet à Vaal, l’héritier légitime, d’ourdir sa vengeance à l’encontre d’Aram, dont il a découvert le secret. Aidé de la grande prêtresse Sor Rana, il fait forger une épée d’argent qu’il confie à Prétor, le chef des vampires, afin d’éliminer, « le frère des loups ». Et si l’attaque des vampires sur le château se conclue par la mort de Honim, la paralysie d’Alvar et la capture de Mara, la tentative d’assassinat sur Aram échoue, ce dernier ne pouvant être tué que par une épée d’or. Le jeune roi lève alors une armée afin de retrouver et libérer sa reine des mains des vampires. Mais cette dernière a été fécondée par Prétor, dans la perspective d’en faire désormais leur reine-mère. La ruse et le stratagème d’Aram permet d’éliminer l’armée des vampires et de libérer Mara. Mais celle-ci, devenue vampire à son tour, ne doit son salut qu’à l’amour que lui porte Aram. Et quand le vieux Alvar apprend, des esprits de Battia et de Sambra, qu’il n’est pas le grand-père d’Aram, il décide alors de se mutiler en s’arrachant les yeux, avant de fuir le royaume pour y chanter, sur les chemins, l’histoire d’Alvar, le grand roi guerrier.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prenez un soupçon d’histoire médiévale, saupoudrez-la des légendes des loups garous et autres vampires, puis piochez dans les univers maintes fois utilisés du Seigneur des anneaux (Tolkien), de Thorgal (Van Hamme, Rosinski) ou de La complainte des landes perdues (Duafux, Rosinski) et vous arriverez au résultat obtenu par Sang Royal. Ce mélange de loyauté chevaleresque entrecoupée de trahisons, de meurtre et autre félonie due à des méchants tout droit sortis d’outre-tombe, peut plaire à certains. Or passé le spectacle de l’imaginaire, du grandiose et du fantastique, on oublie vite cette histoire sans queue ni tête, dont les dialogues ne volent pas plus haut que ceux d’un film de Chuck Norris. Tout a déjà été vu et revu dans Sang Royal, entre des prénoms à consonance nordique, façon Thorgal ou le Seigneur des anneaux – duquel le « vénéré maître » s’inspire largement de Gandalf. Ou encore l’adage que « l’amour triomphe du mal », déjà entendu dans la Complainte des landes perdues, voire dans La guerre des étoiles… En fait, cette histoire ne réinvente rien. Heureusement, il reste (parfois) le dessin, qui alterne entre moyen et très bon, autant sur les personnages que sur les ambiances, les décors et les perspectives intérieures des monuments. Mais il a tendance à se répéter dans les couleurs très sombres et les mouvements d’action, qui frisent parfois le ridicule, avec des filets de vitesse dignes d’un (mauvais) manga asiatique… mais une griffe certes assez logique pour le chinois Dongzi Liu, spécialiste du genre, aux commandes des pinceaux. Si l’on peut lui reconnaître un certain talent pour dessiner les « monstres », nous pourront également y voir une proche ressemblance avec l’univers de Druuna, à travers lequel le talentueux Serpieri aimait à voir de plantureuses femmes copuler avec de sales et hideuses bestioles, sans omettre aucun détail. Hélas, le très « pudique » Sang Royal ne découvre pas (ou peu) les parties génitales, voire les mamelons des seins. Tout se perd, même chez Jodorowsky, avec une saga qui risque de s’essouffler nettement plus vite que la vie d’un immortel…