L'histoire :
Avec l’aide de la sauvagerie berserk d’Elrik, le clan d’Ulf Keludar est venu à bout du clan de Björn le brûlé. Nessa, la fille de ce dernier, a péri au cours du combat, au grand dam d’Elrik qui pensait avoir trouvé l’amour. Avec le ralliement sous sa bannière des autres clans précédemment sous le joug de Björn, Ulf est désormais entièrement maître d’Islandia. Elrik procède lui-même aux funérailles de Nessa : il tire une flèche enflammée sur le drakkar qui emporte au large sa dépouille. Mais un curieux phénomène météo se produit alors : une sorte de tempête très localisée avale l’embarcation dans les flots. Un mauvais présage selon la sorcière Freyda, qui s’attend à une terrible vengeance du Serpent Dieu floué, Loki. Car en épargnant onze prisonniers promis à Loki, Elrik a renié son serment, préférant faire allégeance à Odin, le dieu des dieux. En marge de ces funestes présages divins, Elrik compte bien rejoindre la Norvège pour s’expliquer avec le roi Hâkon qui l’a banni. Il voyagera aux côtés d’une navigatrice expérimentée, bien que jeune, Tarâ. Tout cela est observé de loin, par le rapport des corbeaux, par la grande prêtresse Ygrid, depuis son temple haut-perché des îles Lofoten…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Toutes les figures belliqueuses et fantastiques de la mythologie scandinave signent présentes dans ce second volet de Serpent Dieu, saga viking prévue en 3 tomes. Le premier tome nous avait présenté le héros berserk (pour les non-initiés : qui combat comme un enragé, défiant la mort). Elrik est beau, vertueux, habité par des forces divines qui lui permettent d’être un super guerrier… Or – pauvre chou – il était banni de Norvège et perdait l’amour de sa vie. Dans ce second volet, on découvre qu’il est le jouet de forces supérieures et obscures et que son destin ne lui appartient pas franchement. Il part en effet exercer sa vengeance, or sa quête initiatique se retrouve comme balisée par des obstacles prédéfinis. Le scénariste Jérôme Le Gris lui impose régulièrement des combats bien testostéronés (hé oui, si vous vouliez des fleurs bleus, il ne fallait pas lire une saga viking) et explique par tout un tas de visions, prophéties et présages obscures, les raisons ésotériques de son destin sans retour. Les dieux manipulent tout. Bon, ok… Sur le plan narratif, tout cela n’a rien d’original… On apprécie toutefois que cela se passe via le contexte et la culture viking, ce qui tranche avec l’usuelle heroïc-fantasy celtique. On l’apprécie d’autant plus que Benoît Dellac est un dessinateur réaliste de haut vol, qui sait mettre en scène et en valeur le décor ad hoc, via un talent pur pour l’encrage. Ses paysages chaotiques, ses vues intérieures et extérieurs sur les temples, les villages détaillés, ses météos ténébreuses et orageuses, ses guerriers à la musculature barbaresque, suintant de sueur et de fureur, ses lames qui font gicler l’hémoglobine en tournoyant, sont autant de raisons de revêtir une peau d’ours et un heaume en fer avant d’entamer la lecture de ce second volet. Ha, et enfilez aussi une écharpe.