L'histoire :
Il y a fort longtemps, sur un rivage Sud islandais balayé par une tempête glacée, le seigneur Ulf Keludar trouve un drakkar échoué. A son bord, un guerrier est entravé par des cordes, apparemment épuisé par des jours de dérive, de soif et de faim. Ils le ramène jusqu’au clan, où la chaman Freyda identifie au tatouage qu’il porte sur la poitrine un guerrier-fauve. Sa présence est un mauvais signe, elle signifie que le serpent-dieu Loki est en colère. Il ne faut effectivement pas attendre longtemps avant que la violence se déchaine. Car tandis que le clan d’Ulf s’interroge quant au sort de l’inconnu, Rolf Haraldur et ses hommes, venus de la côte Nord, déclenchent un raid vengeur. Il s’agit de faire un massacre, pour venger leur chef et père Björn qui a eu la moitié du visage brûlé lors de leur dernière confrontation. L’attaque est furieuse, mais elle déclenche instantanément un état de furie incroyable chez l’inconnu, qui devient « berserk ». Ses yeux s’injectent de sang, il rompt ses liens, s’empare d’une épée et terrasse à lui seul une dizaine de guerriers, Rolf y compris. Puis il retombe inanimé. A son réveil, grâce à lui, la victoire d’Ulf est totale. Rolf est mort et sa sœur Nessa est prisonnière. Ulf le remercie et lui demande tout de même quelques explications sur ses origines. Le berserk s’appelle Elrik et il a été banni par Hàkon de Norvège…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le « berserk » est un trait de caractère ponctuel bien connu des rolistes, effectivement issu de la mythologie scandinave. Selon la légende, le berserk est un « guerrier-fauve », qui entre dans une transe sanguinaire provoquée par l’esprit sauvage de son animal totem lorsqu’il doit livrer un combat. Le berserk se retrouve ainsi d’une force décuplée et quasi invulnérable. C’est aux sources de ce mythe que Jérôme le Gris puise son inspiration pour le premier tome de cette aventure viking. Dans ce premier tome, pour le contrôle de l’Islande, deux clans composés de guerriers bannis de Norvège guerroient sauvagement. Et au beau milieu, notre héros berserk Elrik, qui a des principes loyaux lorsqu’il n’a pas les yeux injectés de sang et une francisque à la main. En dehors de l’aspect didactique sur la culture viking et de l’immersion crédible en ces âges farouches (et par une météo abominable), le scénario est assez conventionnel d’une saga guerrière. Il doit sa pleine réussite au dessin réaliste et encré de Benoît Dellac, qui déroule un décorum martial idéal pour vous faire ressentir la testostérone, la rocaille, les embruns frisquets et l’hémoglobine. La beauté rude des paysages, les séquences de combat, tout autant que les décrochages chamaniques, s’inscrivent dans un découpage dynamique et homérique. Une BD pour les hommes, les vrais, qui aiment être rasés de près…