L'histoire :
Est-ce que le nom d'Apollo vous dit quelque chose ? Aux Etats-Unis, en tout cas, ce nom résonne depuis des décennies. C'est un lieu devenu iconique, une salle de spectacle emblématique au cœur d'Harlem. Tous les plus grands artistes s'y sont succédé ; Jay-Z, Elvis Presley ou encore Paul Mc Cartney. Pour eux, l'Apollo est comme une seconde maison, même si celle-ci a connu des heures de gloire, et des temps plus sombres. Ted Fox rencontre le propriétaire de l'Apollo, Bobby Schiffman, qui ferme la salle en 1976 avant de laisser les locaux à l'abandon. Ted lui énonce son projet : écrire et retracer l'histoire de l'Apollo. L'homme finit par lui donner son accord, mais il pose une condition. Ted devra évoquer l'Apollo à travers un double regard. Montrer le bon, mais aussi le mauvais côté. Commence ainsi sa longue enquête pour reconstituer le fil rouge de ce théâtre. Il rencontre Francis « Doll » Thomas, surnommé Mr Apollo, qui habite une salle quasiment abandonnée juste au-dessus de la mythique entrée de la salle. Mr Apollo a travaillé pendant 40 ans dans le domaine du showbiz à Harlem, et il délivre ses premiers souvenirs. Il déroule, parle de Joséphine Baker et de sa manière de changer de tenue en rythme entre les tableaux scéniques, des gangsters noirs qui ont tenté de s'installer à l'Apollo. Et il indique quelques autres noms célèbres qui se sont produits. Au culot, Ted tente de contacter une artiste. Et dès qu'il évoque l'Apollo, elle est impatiente de le rencontrer pour lui livrer ses propres souvenirs, pour continuer de faire vivre cette salle mythique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ted Fox est l'auteur de Showtime at the Apollo : the story of Harlem's world famous theater, qui est la seule et unique histoire complète retraçant la vie de cette salle de spectacle mythique. Il s'associe à James Otis Smith, qui travaille à la fois dans le domaine de l'illustration, du dessin animé et de la vidéo, pour adapter ce travail titanesque en bande dessinée. Le récit est extrêmement dense, de ceux dont il faudra plusieurs jours pour en prendre connaissance, pour s'imprégner de l'ambiance et intégrer tous les événements qui s'y sont déroulés. Ted Fox a rencontré de nombreuses personnes qui lui ont relaté leurs souvenirs, et il a ainsi pu retracer cette incroyable histoire, faite d'heures de gloire et de déchéance. Les plus grands, comme les inconnus, s'y sont succédé, et le théâtre a vu de multiples styles musicaux poindre : blues, swing, jazz, funk ou encore hip-hop. L'Apollo devient un endroit symbolique pour la musique noire américaine, et les artistes savent qu'ils peuvent lancer leur carrière en s'y produisant. En parallèle de la musique, l'Apollo est aussi le reflet de la société, notamment sur la question de la lutte pour les droits civiques des personnes noires. Le roman graphique est extrêmement documenté, mais il pourrait en décourager certains par sa précision et sa densité. Si le lecteur n'a pas toutes les références, il peut vite s'y perdre et ne pas trouver d'intérêt. La plus-value d'une bande dessinée par rapport au texte original est aussi à questionner, car nous n'avons pas nécessairement l'impression que des coupes aient été effectuées pour s'adapter à ce média. Les auteurs ont accompagné l'album d'une playlist qui permet de mieux s'imprégner de l'ambiance. Côté illustrations, la colorisation en bichromie ne facilite pas toujours la lecture. Cet album complet se destine davantage à un public motivé, passionné par la musique et/ou l'histoire américaine.
