L'histoire :
1915… Tanâtos, un mystérieux criminel, inventeur de génie au service du Mal, s’est mis en tête de s’approprier une arme absolue : « l’Appolyon-7 », une sorte de bombe atomique. Avoir participé directement au déclenchement de la première guerre mondiale ne lui suffit plus. Aussi, pour amasser d’énormes profits grâce à la vente d’armes (il s’est astucieusement emparé d’une des principales usines les fabriquant) doit-il faire durer le conflit. L’utilisation de l’Appolyon-7 en sonnerait, en effet, vraisemblablement le terme. Tanâtos déjoue tous les plans et, au terme d’un abordage audacieux, il coule le paquebot dans lequel la bombe était convoyée. Il emporte l’arme et fait prisonnière Mélanie qui, avec son fiancé Louis Victor, avait la charge de surveiller la bombe. Aux îles Hébrides, dans son repère secret, il confie au professeur Velmann le soin de réamorcer l’engin, que les militaires ont réussi à saboter avant qu’il ne s’en empare. La tâche est délicate : Velmann a besoin d’Osmidium pour rendre à nouveau fonctionnel le détonateur… et cette source d’énergie ne court pas les rues. Pourtant, Tanâtos fomente de jolis projets s'il y parvenait : il aimerait récolter le pactole en menaçant tour à tour France et Allemagne de faire sauter Paris et Berlin… Pendant ce temps, à Paris, la riposte s’organise. On est désormais convaincu de l’implication du bandit masqué dans le naufrage du Lusitania et de la perte de l’Appolyon-7. Pour autant, cette découverte ne parvient pas à mobiliser Louis Victor qui, persuadé de la mort de sa douce maitresse Mélanie, nourrit les plus sombres projets…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« De Profondis ! »…Nous partagerons, pour cette 4e salve, le juron favori de Tanâtos, au regard du joli coup de poing porté à notre estomac par ce scénario palpitant et parsemé de surprises... Evoluant toujours dans le contexte de la première guerre mondiale et serti par un univers entrelaçant anachronismes géniaux, steampunk et « Fantomasseries », l’aventure reprend là où elle nous avait abandonnée : notre génie du Mal préféré s’est approprié une arme d’envergure, qu’il n’a plus qu’à réamorcer pour exercer un gros chantage au « j’vais tout faire péter !! ». Pour corser le propos, jeux d’infiltrations, impeccable cynisme, cruauté des sentiments, s’invitent dans cette danse où le rythme et le suspens sont de puissants adrénalisants. Didier Convard parvient à mener son affaire avec maestria, n’épargnant ni ses héros (l’une est prisonnière ; l’autre se morfond, croyant son aimée disparue à jamais ; les plans machiavéliques du dernier sont sévèrement malmenés…), ni ses lecteurs, tout en continuant d’affubler son ami costumé d’une incommensurable, mais savoureuse, antipathie. Enfin, le scénario ose et pousse le jeu uchronique dans ses retranchements les plus jubilatoires, pour un final inattendu. Un des protagonistes se paie même le luxe de prétendre connaitre l’identité de l’insaisissable voyou… On est sur le point de lui passer les menottes, mais… C’est en tous cas particulièrement bon et cela ouvre de délicieux prolongements. Le dessin de Jean-Luc Delitte se met sans complexe à la hauteur : tout à fait à l’aise dans l’univers proposé ; joliment détaillé (machinerie, décors, architectures), cadré impeccablement et utilisant les contrastes avec brio. Bref, sans nul doute le meilleur opus de la série, dont le feu d’artifice final nous laisse impatients d'en découdre une prochaine fois avec ce fils de Satan.