L'histoire :
Au printemps 1897, Antoine Jimenez et son épouse débarquent dans la propriété d'un éleveur, quelque part en Amérique du Sud. Aucune femme n'est jamais restée vivre sur place. Le propriétaire Cornelio tient à vérifier leurs motivations avant d'accepter de les installer. Antoine a longtemps été chasseur de bisons. Il cherche désormais un moyen de gagner sa vie loin d'un passé dont il parle peu. Maria s'occupe de faire fonctionner le foyer. Mais chaque soirée est tendue entre les époux, les bouteilles de whisky ne sont jamais loin, ni la violence verbale. Un matin, la jeune femme rapporte une statuette en bois qu'elle a trouvée au bord de la rivière en lavant son linge, et elle se fait gifler. Cornelio se rend compte que la vie n'est pas simple pour Maria et tente de se montrer prévenant, ce qui n'arrange pas la situation face à un mari jaloux. Mais l'attaque sauvage d'un animal inconnu sur une des vaches du troupeau va mobiliser tous les hommes. Le ventre de la bête a été sauvagement ouvert, mais la vache n'a pas été dévorée. Une battue va s'organiser...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'histoire des époux Jimenez, qui débarquent dans cette contrée perdue à la grande perplexité des éleveurs du coin, est pleine de surprises. Impossible de deviner où Fred Bernard veut nous emmener, tant les axes possibles sont multiples dès le début du livre. La présence de cet animal mystérieux qui déchire le ventre des vaches, ou la relation compliquée entre Maria et son mari, sans compter les relations humaines, complexes entre tous les membres de cette communauté éloignée du monde... Dès lors, on se laisse porter par les beaux dessins de paysage d'Eddy Vaccaro, qui compensent un peu les visages ou les silhouettes, qui semblent manquer de maturité. Comme si le dessinateur n'avait pas totalement réussi à définir ce qui serait son style pour cet album, son niveau de détail, son positionnement semi-réaliste. Les couleurs d'Anne Claire Jouvray apportent beaucoup à l'album. Elles accordent une vraie patte à cette aventure dépaysante et inquiétante à la fois. Pour autant, malgré une habile convergence des thèmes dans la seconde partie du récit, on regrette que la pagination importante de l'album n'ait pas permis qu'on plonge un peu plus dans l'âme de Maria. La véritable héroïne du récit garde une sorte de distance sur sa propre vie, peut-être voulue par le scénariste, mais qui, en tout cas, laisse le lecteur un peu sur sa faim.