L'histoire :
Dans un futur proche, se réunissent à Paris les 9 pays membres du G9 (les 8 actuels + la chine). Evidemment, la capitale bénéficie, comme à chaque sommet de ce type, d’un service de sécurité maximum. Aussi Arno Toms, grand reporter au journal Notre siècle, s’étonne t-il d’apercevoir, de la fenêtre de son bureau, un hélicoptère de presse survoler les Champs Elysées. Ça ne manque pas : l’appareil est rapidement pris en chasse par d’autres hélicos, appartenant à l’armée et à la police, pour être « escorté » jusqu’au Parc des Princes. Arno sait que le célèbre stade de foot sert de centre de rétention administrative. Il enfourche donc sa moto et file à la porte d’Auteuil pour en apprendre plus sur les passagers de l’hélico. Sur place, il découvre des centaines de CRS, détenant derrière des grilles des masses d’altermondialistes et d’opposants à nos régimes « démocratiques ». Il fait également connaissance avec la charmante journaliste de l’hélico, Tania, travaillant pour un webjournal. Tous deux profitent alors d’un débordement pour s’enfuir avec les clichés. Pendant ce temps, Paris est la proie de véritables insurrections, que les CRS ont du mal à restreindre. Dans ce climat houleux, on attend la venue du Pape Jean-Paul VI, dont les positions en faveur du peuple, ne sont pas faites pour calmer le jeu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour cette nouvelle série d’anticipation politique, Jean-Claude Bartoll, ex-grand-reporter, brasse énormément de sujets d’actualité, pour alimenter un récit ultra réaliste. Mais qui dit réaliste, ne dit pas nécessairement plausible. A la base, le contexte est pourtant propice à d’intéressants développements : il s’agit d’une sorte de mix entre les plus violentes émeutes de Davos et les manifestations parisiennes de mai 68. Comme toujours, Bartoll s’adjoint les services d’un dessinateur réaliste, en la personne de Pierpaolo Rovero. Si les proportions des personnages et les cadrages sont impeccables, le style de cet artiste italien semble néanmoins plus approprié au polar noir (Malone) qu’à cette guerre civile urbaine s’appuyant sur de nombreux clichés « bidouillés ». Ce futur est suffisamment proche pour ressembler trait pour trait à notre présent, mais suffisamment éloigné pour avoir connu au minimum 4 nouveaux papes et avoir laissé s’instaurer un climat de répression digne du Chili de Pinochet. On s’amuse à découvrir des protagonistes un peu caricaturaux : le président des USA est (forcément) un débile léger, le président chinois n’a cure des droits de l’homme (forcément), les journalistes ne posent (forcément) pas les bonnes questions et par-dessus le marché, le pape prêche une paix naïve, de manière paradoxalement dangereuse. Mais le défaut majeur vient de la narration qui peine à décoller vraiment. Le découpage adopte un rythme inégal, notamment lors des scènes d’insurrections. On a souvent du mal à comprendre la logique des évènements, tout en essayant de suivre ce couple de héros un peu transparents. Prises indépendamment, les composantes de ce thriller d’anticipation politique restent néanmoins enthousiasmantes. Deux visions du monde s’affrontent, comme elles se sont affrontées, sous d’autres formes, depuis l’aube de nos civilisations…