L'histoire :
Sur Thellus, le prince Kad Moon a réussi à s’exfiltrer de la maison Erkar du continent de Tuge, alors même qu’une révolution était en cours. Il a grandement été aidé par l’aventurier Govin, mais l’extrême dangerosité de leur fuite à travers la jungle de Tuge les a séparés. Kad Moon a fini par rejoindre la carcasse d’un vaisseau géant échoué dans la jungle. Il n’y a pas âme qui vive, mais il connait ce vaisseau. Jadis, il appartenait à l’« usurpateur » Trumur, qui a mis en danger sa civilisation. Il se demande comment survivre, lorsqu’il est capturé par des indigènes et enfermé dans une cage avec le bicéphale, un monstre protecteur le jour, mais terriblement prédateur la nuit. Pendant ce temps, dans un enchevêtrement de branches géantes et haut-perchées, Govin a retrouvé Lyn, la servante de Kad Moon. Ils sont entourés de créatures étranges, des « ichotis », des sortes de phasmes géants sans bouche ni oreille, qui vivent en harmonie avec la flore locale et servent de réseau de communication aux arbres. Ces créatures quasi divines tiennent à distance Govin de Priol, un autre chasseur qui vient de tuer Ariel, l’amie de Govin. Elles attendent que leur haine réciproque se calme pour les libérer. Parallèlement, au sein des 14 cercles de la maison Erkar, les rebelles rencontrent « la grande matriarche »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La scénariste Simona Mogavino a décidément inventé un monde de science-fiction luxuriant, des rouages religieux et politiques originaux, des technologies et des créatures incroyables, un écosystème naturel pointu et imbriqué… pour aussitôt bouleverser tout ça par une révolution contre le tout-puissant Barsal, un tyran jodorowskien. Cette révolution se déroule sur plusieurs fronts, eux-mêmes répartis sur deux cycles parallèles qui se renvoient la balle, parfois à grands coups de flashforwards, et qui paraissent de concert : celui d’Eva Samas et celui de Kad Moon, dont nous abordons présentement le second volet, mis en images par la virtuosité graphique de Laura Zuccheri. Cette imagination a beau sembler prodigieuse et louable, et l’univers généré cohérent, c’est une toute autre histoire que de le mettre à portée des lecteurs au travers d’une narration immersive. Certes, le cycle de Kad Moon est moins hermétique que celui d’Eva Samas, mais on a tout de même le sentiment d’être une fourmi au milieu d’enjeux qui partent dans tous les sens et nous dépassent. Les personnages sont nombreux et aucun n’est totalement attachant. Les puissants sont tous plus despotiques les uns que les autres, et il est impossible de prendre secrètement parti pour l’un ou l’autre. Les créatures sauvages, qu’elles appartiennent à la flore ou à la faune – voire aux deux en même temps – participent d’une harmonie naturelle très intéressante… mais qui reste au second plan. Bref, cette saga ambitieuse demande un gros investissement, avec moult allers-retours de lecture. Sans doute, le 5ème et dernier tome à paraître, au croisement des deux cycles qui se rejoindront, permettra de régler bien des problématiques et de répondre à de nombreuses questions.
