L'histoire :
1890 à la frontière canadienne, dans le Dakota. Les guerres entre indigènes et unionistes font encore rage. Chaque camp se retranche, mais les américains espèrent bien mettre un terme à ce conflit ravageur. En effet, Sitting Bull a été tué, le dernier chef charismatique de la rébellion indienne. Un officier français arrive dans une caserne. Il discute dans la taverne avec un officier à la longue expérience dont il garde un mépris outrancier pour les Indiens. Aux idéaux humanistes du nouveau, l’américain lui raconte le monde tel qu’il est : rude, meurtrier où les indigènes sont de la vermine, aussi dangereuse que sans valeur. La loi du plus fort est la seule, l’unique. L’oublier, c’est risquer sa vie. Pour preuve, un fidèle de Sitting Bull a été pris de folie meurtrière à la mort de son chef et tue quiconque sur son chemin, par pure vengeance, ou par désespoir. Par soif de sang aussi. Le français est alors chargé de poursuivre ce tueur fou, aidé par un Indien qui a préféré se rallier aux américains, trahissant son peuple. Une course-poursuite commence alors. Dans les forêts sauvages, en plein hiver, une traque s’installe. La mort surplombe les hommes. Les idéaux se fracassent face à l’instinct de survie. L’innocence rencontre la cruauté d’un monde qui se dessine, à coups de poignards, à coups de fusils, par le sang et la vengeance.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec un très beau noir et blanc, Olivier Mau et Fred Druart nous livrent une histoire sombre et dramatique dans une Amérique sauvage. Les idéaux du jeune français seront bien rapidement confrontés à une atrocité réelle. Car si le récit ne s’inscrit pas dans un manichéisme, les protagonistes, eux, sont bien convaincus qu’il faut afficher clairement son camp, au risque, sinon, de devenir l’ennemi de tous. Cette opposition, en effet, se complexifie autant par les folies meurtrières que la guerre engendre que par l’opportunisme de certains qui préfèrent rejoindre le camp apparemment vainqueur. Dans cette spirale tragique qui aspire les hommes, le duo d’auteur sait imposer un rythme propre, alternant fuite, poursuite et paysages d’une Amérique aussi inhospitalière et belle que ses habitants. On apprécie rapidement le dessin dynamique de Druart, certes parfois confus, mais qui sert un récit simple et efficace de Mau. On regrette néanmoins que certaines psychologies ne soient pas plus abordées ou, plus généralement, que plus de place ne soitr pas accordé aux personnages qui portent l’action foisonnante. En effet, malgré l’épaisseur de l’album, on ne connaît pas réellement les caractères, leur passé, ni leurs motivations.
