L'histoire :
Pour protéger Zack, Tia vient de tuer de sang froid le scientifique Miller. Cet homme était l’ami et collègue de travail de Charles Kosinski, le père de Zack. Il s’apprêtait, selon Tia, à les balancer à la CIA ou à les tuer. De plus, elle le jugeait responsable de la mort du père de Zack. Les deux fugitifs se rendent chez Bob, un ami d’enfance de Tia (la CIA les suit depuis de Zack a quitté la clinique). Sur la route, les visions de Zack se font plus précises et plus présentes : il se revoit enfant, en train d’assister à une interpellation musclée orchestrée par Tia, flic pour l’occasion. Bob habite dans une vaste maison perdue dans les bois. Il accepte de les cacher, le temps que l’affaire se tasse et qu’il trouve une solution pour les faire passer au Canada. Tout cela paraît trop simple, il y a forcément quelque chose qui cloche… Zack surprend alors une conversation entre Tia et Bob. Ceux-ci espèrent gagner sa confiance pour retrouver Charles Kosinski qui, selon eux, n’est pas mort, mais aurait seulement disparu, suite à l’injection effectuée par Miller. Qui donc est Tia au juste ? Est-elle vraiment une simple infirmière ? Si Le père de Jonathan n’est pas mort, où se trouve t-il ? Qui est véritablement Zack ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Uchronie[s] fait partie de ces projets d’envergure que seule la bande dessinée peut offrir en un temps record de 3 ans. Raconter 3 réalités différentes à travers 3 trilogies suscite forcément la curiosité des mortels que nous sommes… Dans les faits, il faudra sûrement attendre que tout soit bouclé pour mesurer l’ampleur d’un tel projet. En attendant le 10e et dernier album, épilogue (en apothéose ?) justement nommé Réponses, on se laisse volontiers captiver par la trilogie New York (qui avance quand même à pas de fourmi), où Zack cherche des réponses sur son identité, aidé par Tia, qui en sait plus long qu’elle ne le dit. Eric Corbeyran (Le chant des Stryges, Lie-de-vin, Garrigue…), sans doute le scénariste de BD le plus fécond de tous les temps, aborde ses thèmes de prédilection, présents à travers toute son œuvre : retournements de situation, mondes parallèles, anticipation. Le principal reproche que l’on peut lui adresser est d’abuser de répétitions pas forcément judicieuses… et d’être un peu verbeux, ce qui a tendance à plomber l’action. Le dessin réaliste et chiadé de Djilaili Defalli (fidèle acolyte de Corbeyran) permet d’atténuer cette impression de lenteur (avec une bonne mise en couleurs à la palette graphique par Hédon). Sans artifices et avec un sens aigu de la perspective, il nous entraîne dans les méandres d’une histoire délicieusement surréaliste. On ne peut pas en dire autant de la couverture de Guérineau, qui a, semble t-il, un petit problème de proportion entre le personnage de gauche et celui de droite. Malgré tout, cet album se lit agréablement et on attend la suite avec impatience…