L'histoire :
Trader drogué et épuisé, Jeff s’est isolé au calme dans une maison de repos alsacienne. Il y a fait la connaissance du vieux François Engel, un ancien collabo dont la famille est propriétaire d’un domaine viticole. Le vieux facho s’est mis à lui raconter la tumultueuse histoire de sa famille, notamment durant la seconde guerre mondiale, alors même que ce passé n’est guère glorieux pour lui. Alors qu’il était post-adolescent, pendant l’annexion de l’Alsace par le Reich, François avait en effet rejoint les jeunesses hitlériennes et s’était farouchement opposé à sa famille, du bord opposé. Son père avait pourtant été déporté à Dachau, sa sœur Fina faisait passer des candidats à l’exil de l’autre côté de la frontière et son frère Antoine s’était mis en tête de reconstituer un cépage d’exception. Aujourd’hui, Jeff est sorti de sa maison de repos depuis 3 mois… et il n’a pas repris son ancien métier. Séduit par la proposition du vieux François – et surtout par sa petite-nièce Dido – il travaille dans les vignes de la Famille Engel. Il apprend à tailler les pieds et à préparer des vendanges de qualité sur le temps long. Ses parents ont beau tenter de le dissuader, Jeff a fait son choix, bien plus épanouissant. Dido l’informe alors que François vient de sombrer dans le coma. Il risque de mourir sans avoir eu le temps de lui raconter les dernières années de la guerre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le vieux collabo François dans le coma, au présent, c’est donc sa petite nièce Dido qui se charge du dernier long narratif en flashback, qui constitue le cœur de ce troisième opus, sur les dernières semaines de la seconde guerre mondiale. Fictifs et passés, les faits se déroulent toujours autour d’une propriété viticole alsacienne, alors même que les américains ont débarqué en Normandie et que ça commence à sentir le roussi pour le IIIème Reich. François jeune demeure néanmoins plus hitlérien que jamais. Il voit assurément plus dans le mouvement nazi une occasion de s’opposer à sa famille et de tenter l’appropriation exclusive sur le domaine, qu’une adhésion pleine et entière à l’idéologie aryenne. Les vrais héros de la trilogie sont ainsi la branche représentée par sa sœur Fina, son amoureux Henri et son frère Antoine. Français dans l’âme, résistants par les actes, ils auront tenu bon, malgré les tortures, les brimades et les menaces, du côté des vainqueurs. A contre-courant de la déliquescence militaire et industrielle de l’Alsace – alors redevenue allemande ! – ils auront aussi préparé une vigne d’exception, pour un avenir prospère. La dimension viticole est ainsi toujours bien présente à travers le scénario de Stéphane Piatzszek et rapproche Une famille en guerre des sagas familiales agro-industrielles à travers l’Histoire (cf. Les maîtres de l’orge, Châteaux Bordeaux…). Mais à travers le dessin semi-réaliste soigné, documenté et régulier d’Espé, l’heure est surtout celle des règlements de compte, pour une conclusion dans un fort climat de tension.