L'histoire :
Brune, une jeune parisienne sexy, est une fidèle téléspectatrice de l’émission de Christophe Hondelatte, Faites entrer l’accuser. Aussi, lorsqu’elle sort dans la rue, elle a souvent le sentiment d’être suivie et se méfie. Elle sait que les crimes sexuels commencent parfois comme ça et qu’elle peut être victime d’un guet-apens dès lors qu’elle sera isolée des autres passants. Ce soir-là, elle se rend seule et à pieds, donc un peu stressée, à une soirée arrosée chez un pote. Le trajet aller se passe bien. A l’issue de la soirée, très cool, elle accepte de se faire raccompagner chez elle en voiture par un pote, Alex, qui habite pas loin de chez elle. Au lieu de la déposer devant son immeuble, Alex indique qu’il va plutôt se garer directement à sa place de parking souterrain. Puis, tandis qu’ils remontent tous deux les escaliers, Alex devient insistant. Il propose à Brune de lui montrer son chouette appartement. Brune sent le piège de séduction béant, mais elle pense pas qu’Alex puisse représenter un danger. Pourtant, une fois dans l’appartement, Alex lui propose un verre et… lui avoue son attirance. Brune veut partir. Mais la porte est fermée. Alex dit qu’il ne retrouve plus les clés… Il fait semblant de les chercher dans la chambre. Brune en profite pour cacher un couteau de cuisine dans son sac à main. Puis Alex revient. Il s’approche directement de Brune et essaie de l’embrasser…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ça commence comment, un crime sexuel ? Dans cet album en one shot, à mi-chemin entre le thriller et la chronique de mœurs contemporaine, Maran Hrachyan décortique l’engrenage sournois et infernal qui pousse une jeune femme tout à fait normale et bien sous tous rapports – quoiqu’un peu trop sexy, donc victime de divers harcèlements – à se retrouver coupable de meurtres. En creux, le message est pourtant évident « être mignonne n’est pas un appel au viol, ça n’est pas une provocation ». Or on est au-delà du simple sujet du viol, du « droit des femmes à disposer de leur corps » ou de la « remise en cause de la parole des victimes », pour pénétrer dans le registre pur du thriller sordide. Dans les faits, Maran Hrachyan, pour la première fois en tant qu'autrice complète, fait monter le suspens avec pas mal de talent cinématographique. Le format long de 162 pages permet un découpage de cases tantôt serré (comme des battements de cœur rapprochés), tantôt dans de grandes cases contemplatives, lorsqu’il s’agit de planter le décor ou de tirer un bilan des actes. Les pages se tournent compulsivement, on a envie de savoir… Pour coller au ton du thriller, le dessin réalisé dans une technique qui s’apparente aux crayons de couleurs, est très sombre (tout se déroule sur une nuit). Les visages sont souvent inexpressifs, mais cette froideur dissimule habilement les sentiments et les intentions. Glaçant…
