L'histoire :
Ils sont 4 dans cette voiture arrêtée sur un chemin de rase campagne, à observer de loin une belle villa isolée, par une chaleur étouffante. Ils ont prévu un braquage et attendent tout simplement que le couple, les Boisseau, se casse au cinoche, comme ils le font tous les samedis soirs. Ils sont un peu nerveux, notamment Lucas, une grande gueule qui provoque sans cesse les autres. Ils sont rejoints par Pat, spécialiste en serrures de coffres-forts électroniques, qui en prend aussi pour son grade en raison de son retard. Finalement, le soir tombe, le portail s’ouvre et la voiture des Boisseau s’éloigne. Les 5 jeunes passent donc à l’action. Ils pénètrent par une porte cachée du mur d’enceinte du parc : comme prévu, la clé était sous une brique. Sur le perron, Lucas s’occupe de la serrure principale de la demeure. Quentin connaît quant à lui ensuite le code de l’alarme. Ils montent à l’étage et trouvent aussitôt le coffre dans le bureau. Problème : ce n’est pas un coffre électronique, mais un code mécanique… Les talents de Pat n’ont donc aucune utilité pour le forcer. Leur casse est foiré. Lucas propose donc d’attendre le retour des bourgeois et de leur fiche un peu la trouille avec un flingue, pour obtenir le code. Les autres ne sont pas trop d’accord : ils grimperaient alors de quelques échelons sur le barème judiciaire Mais Lucas se montre persuasif… Ils s’installent donc en attendant le retour des Boisseau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Classique : c’est l’histoire d’un simple vol qui tourne au carnage. Classique, mais drôlement efficace ! Le titre et le principe de l’escalade de la violence font d’abord penser à un précédent one-shot d’Hermann : Lune de guerre (avec J. Van Hamme). A contrario de ce dernier récit, relativement rocambolesque, on croit cette fois d’autant plus volontiers à la tournure des évènements que l’actualité nous rappelle de temps en temps que de pareils braquages arrivent réellement. Yves H a ici mis au point un thriller parfaitement rythmé et donc haletant, s’appuyant sur une psychologie de personnage cohérente. Et pourtant, son récit trouve un dénouement relativement inattendu, dont personne ne sort tout à fait indemne, qui permet de ne jamais décrocher du suspens. Sur ce plan, Yves H a fait fort : son intrigue est tendue à l’extrême tout au long des 54 planches. Sa mise en scène très cinématographique doit aussi beaucoup au talent artistique de son paternel, le « grand » Hermann. Le dessinateur est passé maître depuis longtemps dans l’art du cadrage équilibré et du découpage de la planche. Après quelques années de couleur directe, celui-ci revient à un dessin encré… fortement encré même, étant donné que le dernier tiers de l’intrigue se déroule dans l’obscurité quasi intégrale. La restitution des protagonistes et des décors, qui se détachent à l’intérieur de cases noires, dévoile alors une autre facette du génie d’Hermann. Comme il l’a rarement accepté, Hermann a donc confié la colorisation à un tiers : Sébastien Gérard (qui n’est pas le premier venu non plus). Pour les amateurs de noir et blanc élégants, signalons que les éditions Glénat proposent aussi une édition collector monochrome et limitée de cet album, avec une couverture pelliculée mate et vernis sélectif brillant, ainsi qu‘un cahier graphique de 8 pages.