L'histoire :
Vito est un projectionniste de cinéma qui promène son matériel et son chien dans la Sicile des années 40, juste après la guerre. Il parcourt de nombreux villages pour permettre aux habitants de découvrir en plein air les films les plus récents. Lors d'une projection de King Kong, il reçoit la viste d'un homme hirsute, aux allures de vagabond, qui lui confie une bobine de films d'apparence vieillotte. L'inconnu décrit la pellicule comme un tournage de 1929, demande à Vito de la visionner au plus vite, et de la montrer au public. Puis il s'enfuit. Perplexe devant cette requête abrupte, Vito se laisse faire, se disant qu'il n'aura rien à perdre à regarder ce bout de film mystérieux. Le soir même, il projette pour lui seul le film en question, pour y découvrir d'étonnantes images d'un réalisme confondant : dans le parc d'un superbe château, une créature mi-homme mi cheval porte sur son dos une enfant d'abord apeurée, puis ravie. Vito connait le centaure animal de légende, mais la qualité des images dépasse toutes les capacités de trucages qu'il a vues jusqu'alors. Il décide de projeter chaque soir son bout de film au public. L'enthousiasme est au rendez-vous, et le bouche à oreilles fait son effet. Mais en fin de séance, il reçoit la visite d'un jeune homme qui tient absolument à venir travailler pour lui. Ce premier contact va déclencher des réactions en chaîne, dévoilant une incroyable réalité...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'infatigable travailleur qu'est Eric Stalner revient avec une nouvelle série visuellement très réussie, qui nous plonge dans un univers de magie au cœur de la campagne italienne. Comme à son habitude, le dessinateur nous offre des cases aux décors léchés, fourmillant de détails réalistes, superbement restitués. Un des grands talents de ce dessinateur est de donner aux lieux qu'il dépeint une réalité palpable, une vie propre à mille lieues des pompages photographiques qui servent souvent de base à la BD réaliste. Stalner dessine tout pour de vrai, ses décors étant partie prenante de ses histoires. Avant Vito, La Zone, La Liste 66 ou Voyageurs en étaient déjà des exemples évidents. Pour cette série, il choisit en outre la couleur directe, qui donne à cet album une tonalité faussement bucolique, assez convaincante. Voilà donc un nouvel exemple du formidable travail d'artisan minutieux que réalise Stalner, en donnant à chaque page le maximum de son talent. Le scénario de cette nouvelle histoire ne déroutera pas les fans du dessinateur-scénariste, avec son lot de surprises et de mystères savamment distillés. Il laissera cependant quelque peu dans l'attente les lecteurs qui aimeraient voir les dialogues de Stalner un peu plus travaillés, ses personnages creusés davantage, pour obtenir à la fois cette touche d'humanité et de légèreté qui leur manque souvent. Les dialogues de Vito avec son inséparable chien Barto en début d'album, nous mettent sur une voie intéressante, que nous allons suivre...