L'histoire :
Lou et Fish, les deux frères jumeaux nés dans les années 2080, ne partagent pas la même vision des choses quant aux moyens d’intervenir dans le passé pour éviter que le monde ne devienne celui qu’ils connaissent. Possédant la particularité de se mouvoir dans le temps, leur destin et leur affrontement les propulsent à différentes époques. Et si Fish veut intervenir radicalement pour modifier l’Histoire, Lou fait lui tout pour éviter que leurs interventions n’aggravent le futur. Après un douloureux passage au début des années 2000, puis un court voyage au 12e siècle, les 2 hommes se retrouvent en 1940 dans un Paris sous occupation allemande… Toujours convaincu qu’il faut interférer violemment sur les événements pour empêcher le pire d’arriver, Fish se fait un devoir d’éliminer toute la vermine nazie… Las de devoir employer la violence en permanence, Fish avait décidé, en arrivant en 1940, de faire une pause, de s’occuper de lui. Il avait même rencontré une jolie blonde, aux yeux charmeurs, au sourire enchanteur. Il avait profité de son don pour se faire quelques banques et ainsi, n’être jamais dans le besoin… Mais c’était oublier que cette rage était plus forte que tout et qu’au même titre que la chaleur des bras de Marie, tuer les salauds l’apaisait…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Lecture faite, on serait tenté de dire que cet opus est de loin le meilleur de cette interminable série. Petit rappel : celle-ci nous fait suivre les turpitudes de 2 jumeaux décidés à jouer sur le destin de l’humanité en sautant à travers l’espace et le temps. Trop souvent, en effet, les chapitres successifs nous ont perdus dans un entrelacs confus, pour une intrigue centrale difficile à saisir et perdant peu à peu tout intérêt. D’ailleurs, dans ce 10e volet, en page 39, le héros principal fait lui-même amende honorable en déclarant : « Je m’appelle Vedder…et aussi Lou, ou Mark… Difficile de s’y retrouver… Moi-même, je m’y perds parfois… ». Fort de ce constat, il faut reconnaitre que l’agencement de ce dernier cycle donne beaucoup plus de rythme à la série et laisse moins le sentiment d’une intrigue étirée pour « remplir du feuillet ». En effet, en changeant d’époque, en vivant une aventure distincte dont le fil rouge est la mise en adéquation avec une photo, un document découvert dans le futur, on suit presque un one-shot assez bien équilibré. Pour compléter notre adhésion, ce nouveau chapitre innove en mettant sur le devant de la scène le plus torturé des jumeaux, Fish. Et c’est un excellent choix permettant : de livrer une approche moins conventionnelle (le serial killer empathique) ; de jouer avec les ambigüités du personnage ; de l’humaniser (pour une fois). Au-delà, l’intrigue est une énième démonstration de l’impossibilité de jouer avec le temps (bin non, on ne peut pas se faire Hitler !). Mais elle ne répond toujours pas aux innombrables questions en suspens depuis l’ouverture de la série. En outre, rien à redire sur le dessin de Siro. En jouant la carte du graphisme réaliste et aéré, il conforte la lisibilité et la fluidité de l’ensemble. Tout, en somme, à l’instar du cliffhanger final, pour nous rendre à nouveau curieux. Chouette alors !