L'histoire :
Après avoir quitté le Futur (Granparis et son système totalitaire) et traversé notre présent, Fish et Vedder se retrouvent à l'époque romaine, au cœur des combats que mènent dans les arènes de Lutèce les gladiateurs qui distraient le peuple et les privilégiés du régime. Fish est l'un d'entre eux, adulé des foules qui l'appellent « sans nom », pour ses prodiges au combat. Invincible et ultra violent, il donne à chaque représentation une illustration nouvelle de la colère démesurée qui l'habite. En cette époque antique, Vedder fait lui aussi son apparition et va chercher à repartir avec son frère vers le futur d'où ils viennent. On le sait, Vedder cherche à tout prix à ne pas agir sur le passé, mais à retourner dans son époque d'origine pour combattre le système mis en place par Markovik. Mais sur sa route, Vedder va trouver Issa qui, dans ce passé lointain, est l'entraineur de Fish, mais aussi Fish lui-même, qui semble désormais vouloir renoncer à se battre. Le sort des deux frères au cœur des arènes va se trouver mêlé, et les tentatives de Vedder pour emmener son frère vont s'avérer plus difficiles que jamais. Les deux héros vont-ils réussir à quitter Lutèce et revenir à Granparis ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En abordant les premières pages de cette quatrième étape dans le passé, on craint sérieusement qu'il ne se passe rien de plus que dans les trois albums précédents, essentiellement axés sur la tentative de Vedder de ramener Fish dans leur époque d'origine. Mais fort heureusement pour nous lecteurs (qui avons patienté 12 tomes), il va se passer des évènements qui devraient nous raprocher d'un vrai dénouement. On ne vous en dira pas plus ici, mais les dernières pages de cet opus ne laissent a priori aucun doute sur l'importance du tome de clôture à venir. Contrairement à Uchronie(s), l'autre saga en 13 tome d'Eric Corbeyran, qui cloturait chacun de ses trois cycles sur une sorte de fin possible, Pierre Boisserie et Eric Stalner nous ont fait passer d'une époque à l'autre en faisant progresser leur histoire. Comme s'il était logique qu'une intrigue démarrée dans le futur puisse se conclure dans le passé en étant passée par le présent (vous suivez ?). C'est donc ce qui arrive ici, malgré la maigreur globale de ce dernier cycle de quatre tomes, qui aura un peu tourné en rond. Pour cet opus en tout cas, la lecture est rapide et directe, et le principe est le même que pour les tois précédents. Une intrigue spécifique à l'époque (en l'occurence comment sortir vivants de l'arène) s'insère au cœur de l'intrigue globale du retour vers le futur. La mise en images de cet album est très efficace, et probablement la plus originale de la saga à ce jour. Avec le coloriste Jean Jacques Chagnaud (décidément un grand pro), Eric Liberge a mis au point une esthétique visuelle puissante, faite de couleurs sable et rouge, évoquant à chaque page l'arène où meurent les combattants. Les éclaboussures de poussière et de sang qui ponctuent les chocs entre gladiateurs sont proches des très belles couleurs de Lynn Varley, la coloriste américaine qui a mis en lumière l'étonnant 300 de Frank Miller. Une référence absolue de combats antiques, que les deux compères ont visiblement appréciée, et qu'ils déclinent ici avec conviction.