L'histoire :
Il était une fois, dans un royaume du monde de Pan, une belle fée nommée Titania. Après avoir épousé le duc Claymore Grimm, son bonheur est de courte durée, car elle sait sa famille menacée par les contrées du sud à Avalon. Le prince noir Obéron a levé une flotte immense pour avancer sur le monde de Pan. Cependant, personne n’est inquiet au Castrgimm, car le château a subi de nombreuses invasions sans jamais tomber. Il faut dire que la demeure abrite en son sein le maître d’armes du Royaume des elfes. Le duc organise ses troupes et fond sur ses ennemis. Son épée magique et son courage sont dévastateurs. De l’autre côté, Obéron se prépare au combat. Il est accompagné d’une puissante alliée : Rowena la louve. Les affrontements sont sanglants et Obéron se retrouve en duel avec son ennemi le Duc. Pendant ce temps, Titania craint pour la vie de son bébé, la belle Wika. Elle charge le vaillant Haggis Cornelly d’amener sa fille en lieu sûr afin qu’elle puisse grandir loin de la folie meurtrière et de l’âme noire d’Obéron. Haggis, malgré son courage, obéit aux ordres et se voit contraint de fuir. Rowena a vu tout leur manège et s’apprête à récupérer l’enfant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici le nouveau projet démesuré d’Olivier Ledroit, le touche-à-tout. Il fallait bien un nouveau travail à la hauteur de sa démesure. Cette fois, l’artiste s’attaque à un registre connu de tous : le conte. Dans l’optique de créer une histoire pour sa fille, Ledroit revisite tous les archétypes du conte de fées : gnomes, magie blanche et noire, ogres… sans oublier les fées. On y trouve même les trois petits cochons ! En co-scénariste, l’écrivain Thomas Day s’est parfaitement adapté au style du dessinateur baroque et lui offre un projet totalement fou. Comme l’explique la préface de Pierre Dubois, grand spécialiste du merveilleux, la bande dessinée voyage entre les frontières de plusieurs genres, faisant la somme des œuvres de Ledroit. Ainsi, on retrouve le fantastique steampunk de Sha (Wika rappelle d’ailleurs furieusement le destin sombre de Duffy), la violence barbare de Chroniques de la Lune Noire, le fantastique sombre de Requiem et bien sûr les études graphiques du monde des fées. Ledroit débride encore plus son art (si tant est que cela soit encore possible) offrant un véritable bijou visuel. Dans des cases complètement décloisonnées et magnifiquement ornées, le spectacle est de toute beauté. Entre un trait sûr et fouillé, des décors pharaoniques et des couleurs qui s’adaptent en fonction des créatures décrites, Ledroit se surpasse avec un rendu baroque magique ! Il réussit également le tour de force de multiplier les références artistiques à de grands illustrateurs spécialistes du genre comme Godo ou René Haussman. L’histoire est somme toute assez classique avec le destin de Wika qui va vivre cachée pour mieux venger la mort de ses parents (« Sha » rappelle quelque chose). Le texte est à la hauteur de la folie graphique de l’album : via des descriptions de qualité et des dialogues assez littéraires, on plonge totalement dans cette histoire d’un autre âge. Les noms des créatures sont autant d’évasions incroyables et les multiples références à d’autres genres forment finalement un ensemble cohérent et saisissant. Faire du neuf avec du vieux est une tentative périlleuse mais Olivier Ledroit et Thomas Day dépoussièrent le genre du conte et du merveilleux avec beaucoup de talents.