L'histoire :
Dans des circonstances relativement floues, Alexandre Clément s’engage dans l’armée de Zouaves constituée par Napoléon III, pour appuyer au Mexique la conquête du pouvoir de l’empereur Maximilien. Durant la traversée, il s’interpose légitimement entre Ferchault et Cravache, deux autres conscrits, et écope de la cale pour le restant du voyage (2 mois !). Quand il en ressort, il est barbu, peine à marcher et quasiment aveugle. Ragaillardi après une bonne semaine au port, il part en mission avec le reste de la troupe jusqu’au fort Auteuil. Il profite alors de l’expédition pour nouer plus durablement sympathie avec un camarade dessinateur, Ferchault, qu’il avait défendu sur le bateau. Alexandre lui explique notamment les circonstances de son engagement : il était tombé amoureux d’une prostituée parisienne, qui fut retrouvée assassinée. En arrivant au fort, les zouaves apprennent qu’ils ont en réalité convoyé une pleine cargaison de munitions : la discrétion était de mise pour contrer les éventuels espions juaristes. Or effectivement, Cravache se révèle un félon : avec une poignée d’hommes, il s’empare d’un chariot et prend la fuite, tandis que le fort est attaqué de toutes parts par des paysans. Durant la bataille, Alexandre est gravement blessé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant d’être une injure du capitaine Haddock, les zouaves étaient des unités d’infanteries appartenant à l’Armée d’Afrique. Ils ont notamment servi sous le Second Empire de Napoléon III, ici en Amérique Latine, pour aider Maximilien d’Autriche à devenir empereur du Mexique (entre 1962 et 1967). L’idée d’Ersel de mettre en scène leurs uniformes chatoyants et d’extrapoler une romance dans ce cadre exotique, sous cette ère méconnue de l’Histoire, est donc plutôt profitable. On se demande d’ailleurs pourquoi les trois tomes prévus par Glénat sortent sous la bannière Graphica et non Vécu. Ersel appuie ici son dessin réaliste sur la narration de son ami Renot, avec lequel il a récemment fourni le diptyque moyennement convaincant Médée. Parfaitement proportionné et décoré, le dessin réaliste d’Ersel peine néanmoins parfois à rendre justes les expressions des personnages. On serait curieux de voir ce qu’il donnerait en employant une technique plus spontanée de couleurs directes, quand on voit ce dont il est capable au niveau du simple crayonné (les talents de dessinateur de l’un des personnages, permet de glisser ça et là d’admirables extraits de carnets de croquis). L’aventure vécue par le héros Alexandre, se dégage donc de nouveau assez laborieusement de ce premier tome. Sa destiné reste floue et les évènements qu’il rencontre, seul ou avec sa troupe – expéditions, attaques, rebellions, romance – ne sont guères toujours limpides. Le rythme de narration relativement contemplatif aide néanmoins à prendre du recul et à découvrir ce premier tome tel qu’il est, en attendant la suite pour y voir plus clair.