L'histoire :
Alexandre Clément est rattrapé par son passé et mis aux arrêts par l’armée française. Il passe rapidement en jugement devant la cour martiale, mais un officier français lui propose un marché : pour retrouver un semblant de liberté et se racheter de son crime à Paris, il devra pourchasser les rebelles mexicains. Profitant de sa connaissance du territoire et de la maîtrise de la langue, Alexandre pourra prendre la tête de plusieurs zouaves et mener cette difficile expédition. Il récupère ses compagnons d’armes : le dessinateur Ferchault, le Corse Canif et le taciturne Boucher et se lance dans l’aventure, refusant de porter l’uniforme. Cependant, les révolutionnaires ont passé la frontière et Alexandre doit donc traverser le Rio Grande. Très vite, les Français sont arrêtés par une section des Texas Rangers, qui les mènent à un fort. A nouveau emprisonné, Alexandre rencontre un Français, Dussolier, qui pactise avec l’ennemi pour s’enrichir en vendant des armes. En pleine guerre de sécession et lutte contre l’esclavagisme, la tâche d’Alexandre s’annonce difficile…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Renot et Ersel continuent leur épopée sur fond de réalité historique : la lutte française pour tenter de mettre Maximilien sur le trône du Mexique. Cette fois, l’histoire bascule franchement dans le western, à partir du moment où Alexandre franchit le Rio Grande : les paysages se font désertiques et on croise également des Comanches, des cow-boys armés de winchesters, des Indiens dans les mesas, des Mexicains… En toile de fond, on reconnaît Blueberry et le cycle Chihuahua Pearl, lors duquel le fameux lieutenant franchit la frontière pour aller au Mexique. Comme dans le cycle des regrettés Jean-Michel Charlier et Jean Giraud, l’album tourne à la chasse au trésor, avec la recherche du lieu Torre Del Oro (la Tour d’Or). A ce titre, notre pauvre héros devra enchaîner des épreuves plus dangereuses les unes que les autres. Pris entre plusieurs feux, Alexandre mène une conquête impossible : tantôt soldat pour l’armée française, il doit retrouver et détruire les révoltés mexicains ; tantôt défenseur de l’humanité, il rétablit la cause des Noirs contre les confédérés ; tantôt chevalier servant, il protège la belle Pilar du machiavélique Dussolier. Bref, Alexandre a tout du héros mythologique (il est d’ailleurs plusieurs fois fait référence à la mythologie, notamment dans le titre). Cependant, il perd aussi toute crédibilité dans un album très « fouillis ». L’action s’enchaîne trop rapidement et les turpitudes et manipulations politiques sont peu évidentes à cerner, tant elles sont vite expédiées. On passe joyeusement d’une lutte armée à un incident diplomatique, puis à une chasse aux trésors, sans transition… Sans compter le final, qui réserve une surprise façon policier des plus ridicules, tellement elle est peu crédible. Ce fourre-tout, entre aventures multiples et toile de fond historique, peine à convaincre également dans le dessin. Si Ersel a un talent indéniable et effectue des cases détaillées et de bonne facture, l’ensemble reste académique et figé, avec en plus des couleurs criardes qui dénaturent l’univers (rien à voir avec la couverture accrocheuse). Ce deuxième et dernier tome d’aventures mâtinées de western ne garde vraiment pas la forme… olympique.