L'histoire :
Il y a le mec qui se prend pour le mari parfait. Vous savez celui qui ose le bouquet quotidien, qui mitonne des petits plats, qui descends poubelle, adore belle-mère et s’occupe merveilleusement des enfants. Mais cet époux modèle que devient-il au bureau ? Il palpe de la secrétaire ? Se fait des plans cul sur internet et confectionne, jour après jour, à sa chère et tendre, une paire de cornes surdimensionnée ? Non ! Vous croyez ?... Pas mal aussi celui qui se veut père idéal et fier de son rejeton, dont il vente les talents à tout va : joueur d’échec imbattable (comme papa) ; incomparable footeux (comme papa) ; fin gourmet (comme…) ; doux mélomane (…). Heureux de sa descendance, le géniteur. Mais le fils qu’en dit-il, lui, du papa ? Quelque chose qui indiquerait que ce sublime père lui fracasse les glandes génitales menue-menue, mais en plus imagé… Il y a encore le petit commerçant qui se prend pour Fauchon. Celui qui ne vend pas des patates mais des tubercules, ou mieux : des cornes de gatte ! Celui qui conseille une moutarde à 30 euros le pot et qui, sous ses airs de gourmet, n’est ni plus ni moins qu’un escroc. Et il y en a des ribambelles de nos concitoyens, amis ou proches qui se prennent pour on ne sait trop quoi. Roi de la bricole ; aventurier fou ; comique de bistrot ou écolo modèle : tous ont en commun l’incroyable talent de nous énerver…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec ce J’aime pas les gens qui se prennent…, Florence Cestac succède, entre autres, à Charb ou Patrick Pelloux (qui appréciaient moyennement fumeurs et retraite, au sein de la même collection). L’auteure revient à un exercice dans lequel, elle excelle habituellement : appuyer là où ça fait mal, au détriment de ses contemporains. Il faut dire que le choix de son étude socio-humoristique s’y prête particulièrement : la corporation des dégazeurs sup-croupion offrant un impayable terrain de jeux. Car c’est vrai qu’ils nous bassinent les « faiseurs de tout mieux que nous » à nous écraser de leurs certitudes au quotidien. Alors bien joué Mme Cestac de pointer du doigt ces ados chiants ; ces fausses meilleures amies ; ces pseudo-psychologues à 2 balles ou ces nouveaux paysans. Et pour peu qu’ils ressemblent à l’un de nos proches ou à celui rencontré dans le reflet de notre miroir : doublement merci, car cela nous aidera peut être à ne jamais rester trop c…. Conçus en strips de 10 cases, ces portraits font mouche, même si le format proposé ne permet pas à l’auteure de toujours boucler ses gags convenablement : on apprécie délicieusement le pointé du doigt largement étayé, mais on sourit plus souvent que l’on ne rit franchement aux chutes proposées. Un ouvrage, somme toute, distrayant et regorgeant des ces inimitables gros nez qui n’ont pas leur pareil pour mettre en valeur lourdingues de tous horizons.