L'histoire :
Avant Pif Gadget, il y eut Vaillant, un journal créé par des auteurs ici de la Résistance durant la Seconde Guerre Mondiale, du flanc gauche de la Résistance. Ils s’appelaient Roger Lécureux (futur scénariste de Rahan), Jean Ollivier, René Moreu et Pierre Olivier (avec un seul L, celui-là), futur auteur de Placid et Muzo. Les mousquetaires jurent en note d’intention de leur journal qu’ils vont faire vivre des héros du quotidien, qui défendent les humbles et les opprimés, à l’intention du jeune public, dont le cœur est pur. Lécureux et Ollivier sont alors les scénaristes piliers de la plupart des histoires de l’époque, et tour à tour les rédacteurs en chef. Vaillant-Pif est ainsi né, historiquement lié au Parti Communiste français, mais avant tout porteur d’un idéal humaniste. En mars 1948, José Cabrero Arnal, un réfugié politique espagnol qui a fui le coup d’Etat de 1936, crée Pif le chien, notamment pour concurrencer le grand rival de l’époque, quelque peu plus impérialiste : Mickey ! Pif apparait pour la première fois dans les pages de l’Humanité, en remplacement de Félix le chat, jugé trop américain. Pif est ainsi rétif à l’autorité et il se heurte à son meilleur ami-ennemi, le chat Hercule…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans le même tout petit format que la Schtroumfopédie, donc avec une sacrée épaisseur de plus de 230 pages, cette « Grande histoire des gadgets » éditée par Hugin & Muminn se propose de faire une rétrospective du célèbre journal Pif Gadget, qui parut essentiellement entre 1969 et 1986. D’autres numéros ont certes suivi, mais sans forcément de gadget (entre 1986 et 1993) ou sans grande conviction, avec des tentatives peu convaincantes (jusqu’au printemps 2021 !). Très complet, instructif et arborant une riche documentation piochée dans les archives de l’hebdomadaire, ce bouquin encyclopédique revient tout d’abord sur les origines et l’historique de Pif, né de la branche communiste de la Résistance Française. Puis dans le même élan chronologique, il raconte et détaille période après période, au gré des différents directeurs de rédaction, numéro après numéro, gadget après gadget… Il revient entre autre régulièrement sur les défis techniques que certains gadgets, totalement dingues pour un si petit prix, ont demandé aux concepteurs. Rappelez-vous : des pois sauteurs du Mexique, un télescope, un cerf-volant, un barbecue, des pépites d’or, la machine à faire des œufs carrés, un vrai sapin de Noël à faire pousser dans son jardin… Les quinquas et quadragénaire d’aujourd’hui (surtout ceux dont le fameux sapin mesure aujourd’hui 30 mètres dans le jardin familial) dévoreront littéralement cette rétrospective et toutes ses couvertures inscrites au fer rouge dans leur inconscient, comme une Madeleine de Proust, se remémorant les nombreuses heures de jeu que leur ont procuré les incroyables gadgets.
