L'histoire :
Dans la campagne normande d’après Premier Empire, trois gamins espionnent un vieux monsieur, que le village considère comme fou. Ils se rendent compte que l’homme est en réalité aimable et bienveillant : il leur offre des gâteaux et un coup de cidre, et leur propose même de leur relater son incroyable jeunesse. En effet, lorsqu’il était jeune, dans les dernières années du trône de Louis XVI, il était apprenti forgeron avec son père adoptif, un homme brutal. Après avoir entendu parler des exploits entrepris par les âmes aventureuses sur le « Nouveau Monde », Mathias s’était enfui pour tenter sa chance. Il était alors tombé par hasard entre les griffes d’une bande de voleur, dont le plus célèbre, Louis-Acné de Malaria, venait de s’échapper de la bastille. Or le hasard faisait bien les choses : le bandit venait de décider de s’expatrier au Canada, afin de se faire oublier des autorités française. Une dernière attaque de diligence et ils embarquaient à bord d’un navire marchand, le Titanique. Durant la traversée, de Malaria avait réussi à pactiser avec les éléments d’équipage les plus crapuleux afin d’organiser une mutinerie. Mathias avait alors joué au héros en délivrant le capitaine et son second…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1981, le scénariste Moloch et le dessinateur Marcel Uderzo (à ne pas confondre avec Albert, le papa du célèbre Astérix : il s’agit de son frère) débutaient cette série d’aventures historiques se déroulant sur le Nouveau Monde, dans la seconde moitié du XVIIIème siècle. Cette série avait duré 3 tomes, avant d’abandonner ses lecteurs en 1988. Aujourd’hui, soit 34 ans plus tard, les deux auteurs reprennent Les mémoires de Mathias, en modifiant sensiblement la série sur quelques aspects (corrections de textes, nouvelle couverture) et en lui accordant de nouvelles couleurs (par Didier Ray et Diego Parada Lopez). Surtout, ils promettent un tome 4 inédit, à paraître en octobre 2015, après reprise des tomes 2 et 3. Ceci explique la forme narrative désuète, linéaire et très grand-public, directement héritée de la « BD à papa » des années 70. Cet aspect ne retire cependant rien au plaisir de lecture. Car, d’une part, les textes sont souvent didactiques, éclairant tantôt sur les faits historiques, mettant tantôt en valeur le folklore du parler québécois. D’autre part, Marcel Uderzo plaçait à l’époque son dessin dans une lignée très proche de celui de son grand frère, avec un trait humoristique certes pas aussi naturellement dynamique, mais néanmoins expressif, soigné, détaillé, donc très agréable à suivre. Débuté dans la France du XVIIIème au début de ce premier tome, le périple initiatique de Mathias se teinte de western (au côté des indiens du Nouveau Monde) et de fantastique vers la fin… sans doute le paramètre qui colle le moins avec le registre initial du récit. A voir où ceci va nous emmener…
