L'histoire :
Véra et ses amis ont l'habitude de jouer en hiver à des jeux de cartes pendant leur temps de pause à l'école. Mais lorsqu'il fait un peu moins froid, ils sortent dehors dans la cour de récréation et jouent à cache-cache. Un jour, Sofia a une idée. Elle propose de jouer à un nouveau jeu, sur le même principe que le téléphone arabe. Cela s'appellera : le jeu des murmures. Ce nouveau petit jeu est l'occasion de révéler les petits secrets de chacun. Le groupe d'amis trouve tout cela très amusant, et ils invitent de plus en plus de monde à participer avec eux. Anna décide de les rejoindre, et commence par lancer la phrase. Elle colle sa main près de l'oreille de Véra et murmure : « Ma mère me frappe ». Véra est décontenancée, elle lui demande de répéter, mais ses amis s'énervent car les règles du jeu l'interdisent. Elle n'a d'autre choix que de faire passer le message... Celui-ci, comme toujours, sera largement déformé à l'arrivée. Lorsque vient le moment d'annoncer à voix haute la phrase d'origine, les mots ne sortent pas de la gorge d'Anna... Distraits, ils retournent à leurs occupations. Sauf Véra qui ne peut s'empêcher de penser à ces quelques mots qui l'ont marquée... Alors elle va tenter d'en parler autour d'elle, mais personne ne va vraiment y prêter attention. Et elle va se retrouver prisonnière, tout comme Anna, de ce secret, bien trop lourd à porter pour de si petites épaules.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au détour d'une partie du jeu des murmures, Anna va confier à Véra un secret très lourd à porter, très grave : elle est victime de violences physiques de la part de sa maman. En se déchargeant de ce poids en le murmurant à son amie, Véra lance un appel au secours, et Anna se retrouve avec une grande responsabilité pour venir en aide à son amie. Le scénariste, Morten Dürr, est journaliste et auteur de livres jeunesse. Il a notamment écrit le scénario du très récent titre publié chez Sarbacane Ivalu , ainsi que Zénobia en 2018, publié chez Marabout. Il aborde toujours des sujets graves et sensibles comme l'inceste, le suicide ou encore la guerre. A nouveau, il propose un scénario au sujet difficile autour des violences faites aux enfants, et en s'adressant à un public adolescent. L'histoire est mise en images et en couleur par une dessinatrice danoise, Sofie Louise Dam. L'ouvrage aborde avec justesse les violences parentales, un sujet assez peu traité en bande dessinée. En partant d'un regard extérieur, et non intérieur, aux violences quotidiennes, le lecteur prend un peu de distance, et il est ainsi plus à même de réfléchir sur cette thématique. Car nous allons plonger dans la tête de Véra, qui se voit devenir malgré elle la complice de ces violences, et endosse la responsabilité d'amie et de sauveuse. Mais comment réagir lorsque nous sommes enfants face à des actes d'une telle gravité ? Comment se confier, agir pour faire cesser tout cela ? Le scénario est vraiment très bien mené, assez court mais très efficace. Nous sentons le poids des non-dits, de ce silence et des secrets, face à un personnage qui souhaite crier haut et fort pour se libérer et libérer son amie. Les dessins ne vont pas dans le détail, simplement à l'essentiel, pour que nous puissions accorder toute notre attention à l'histoire. Quelques pages didactiques en fin d'album viennent aborder un éclairage plus informatif sur ces violences, et des conseils pratiques si des lecteurs peuvent en être témoin ou victime. Un album pour sensibiliser aux violences familiales.
