L'histoire :
Après la destruction de la pyramide du Louvre et des fenêtres du musée, les adolescents ont été obligés de migrer vers un autre château, plus confortable : Versailles. Zyzo est toujours en couple avec Alixe, jeune reine de la communauté, et ils participent tous deux régulièrement à des débats dans la salle du conseil, arbitrés par Ogénor, le fils en fauteuil roulant de Marie-Lune. Les questions du moment se portent sur le transfert du sarcophage de Marie-Lune au sein d’un mausolée ; mais aussi sur le jugement de Mordélia et Bill, le couple ennemi à l’origine de leur déménagement. Faut-il les emprisonner ou leur pardonner et les laisser vivre parmi eux ? Les membres du conseil sont partagés. La reine Mordélia tranche : la liberté contre une séance d’explication publique. Reste le sujet des prématurés, ces hordes d’adolescents qui paraissent attardés car ils survivent depuis 15 ans selon un mode de vie sauvage. Doit-on les intégrer et les éduquer ou les reléguer au rang d’animaux dangereux, comme le préconise Ogénor ? Le jeune leader aux méthodes despotiques et à l’intelligence supérieure va jusqu’à pactiser avec Mordélia pour la rallier à sa grande crainte : les prémas sont plus nombreux, bientôt ils les encercleront. Il s’agit de parvenir à les « domestiquer » ou à les éliminer…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les deux premiers tomes de l’adaptation BD de NÉO correspondaient au 1er volume du roman à succès pour « young adults » de Michel Bussi. Avec ce tome 3, Max L’Hermenier débute donc l’adaptation du second roman, Les deux châteaux. Rappelons le concept : un large groupe d’adolescents survivants d’une apocalypse bactériologique réorganisent une civilisation humaine sur les ruines de la nôtre. Il leur faut essentiellement prendre des responsabilités politiques et sociales, concernant tout ce qui est exogène à leur petite communauté : que faire des ennemis identifiés ou des menaces potentielles ? Une nouvelle fois, l’histoire se concentre sur le relationnel, si important à l’âge de l’adolescence, alors que les contraintes matérielles ne sont jamais abordées. Personne ne sait trop comment ils se nourrissent, se soignent ou produisent leur énergie. Le lecteur est forcé d’avaler cette pilule ex nihilo, pour suivre des évènements certes moins rocambolesques que précédemment. Les nombreuses intrigues de fond progressent plutôt pas mal : on commence à comprendre qui est la fameuse sœur d’Ogénor ; on cerne aussi désormais l’origine machiavélique des sabotages. Mais à l’instar de la controverse de Valladolid, le sujet central se focalise sur l’assimilation des jeunes sauvages en tant qu’êtres humains. La communauté doit-elle faire l’effort de les intégrer et de les éduquer, ou sommairement de les éradiquer pour supprimer une menace ? Sur ce plan (et bien d’autres), la personnalité d’Ogénor se révèle définitivement diabolique, et son rictus sardonique caricatural insiste lourdement sur la définition sans appel de cet ennemi intérieur pourtant à la tête de « l’Etat ». Hé oui, les clichés-bateaux pullulent… mais vu le succès de la série romanesque, il semble qu’ils causent aux 13-17 ans. Au dessin, Djet « fait le job » avec son style manga bien au point, une nouvelle fois sur 62 planches bien denses au niveau du découpage.