L'histoire :
Après l’attaque ratée du clan du tipi (la tour Eiffel) contre le clan du château (le Louvre), Mordelia et Bill se sont sauvés et ont fait sécession en compagnie d’une vingtaine d’ados qui vénèrent Mordelia, impressionnés par son image de « sorcière ». Aujourd’hui, un commando du château attaque le camp de Mordelia et brûle le totem à son effigie. Elle est forcée de se sauver encore une fois, en compagnie de son amoureux Bill. Les autres ne la suivent pas, car elle révèle alors qu’elle n’a absolument aucun pouvoir. Dans les décombres après l’incendie, Akan trouve un petit chien, tandis que Gulo-Gulo (le goinfre) trouve un mystérieux livre. Sur celui-ci, se trouvent 6 petits dessins étranges (des hiéroglyphes !). Gulo-Gulo confie ce livre à Chrysanthe, l’une des rares qui sait lire. Mais cette trouvaille vient aux oreilles d’Ogénor, qui tire toujours les ficelles du pouvoir grâce à son intelligence supérieure. Selon Ogénor, le déchiffrage des six symboles doit révéler l’emplacement de la tombe de Marie-Lune, l’adulte qui les a tous sauvés en préparant leur avenir, au moment de l’apocalypse. Dès lors, la quête de cet emplacement devient une priorité. Mais il ne faut pas oublier pour autant de fêter la réussite de la fusion des deux anciens clans. L’emblème du cerf, animal fort, puissant, libre et fidèle est décidé, pour symboliser l’union des deux tribus…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Véritable succès de librairie auprès des « young adults », les romans de Michel Bussi savent y faire pour parler aux adolescents. Rappelons le contexte astucieux. Dans un monde contemporain en ruine, un futur proche et post-apocalyptique, quelques centaines d’adolescents sont les seuls survivants d’un empoisonnement général : ils ont été protégés par leur condition pré-fœtale au moment du fléau ! Par le truchement d’une entourloupe narrative, ils ont été éduqués par une adulte qui a survécu quelques temps (pratique !). Les voilà désormais livrés à eux-mêmes, dans les ruines de notre civilisation – en l’occurrence dans la ville de Paris, dont il est plutôt « amusant » de retrouver divers monuments en ruine. Il est dès lors question de (re)bâtir une société utopique, débarrassé des adultes – mais aussi des bébés et des enfants. Il y est question aussi d’explorer un monde (re)nouveau, de poser des balises pour se construire, mais aussi de gentilles histoires de cœurs, d’alliances, d’amitiés… Le premier tome posait toutes ces bonnes bases qui parlent aux « young adults » et il s’avérait déjà bien dense en aventures. Cette suite conserve le niveau très élevés de rebondissements, sur 62 planches, mais dont la plupart s’avèrent vraiment rocambolesques et/ou cousus de fil blanc. Ainsi, tandis que certains jeunes prennent le large à bord d’une caravelle sur la Seine, d’autres reconstituent les évènements du passé avec une acuité qui confine au grand n’importe quoi… Et une énigme foutraque digne d’un mauvais escape-game permet de retrouver le tombeau de la fameuse Marie-Lune, avant qu’une migration s’impose soudainement. En effet, toutes les fenêtres et la pyramide en verre du Louvre ont été cassés et l’électricité coupée, sans plus d’explication que ça. Etant donné que l’hiver parisien ressemble soudain au grand Nord canadien, ils migrent vers le Château de Versailles (car c’est bien connu, il y fait chaud, là-bas…). Le final, avec des charriots tout droit sortis de westerns qui traversent un long pont suspendu au-dessus de la glace (rappelons que nous sommes dans un avenir d’anticipation et à côté de Versailles) confine au ridicule. Le sympathique dessin de Djet, qui décline les codes du manga au sein d’un découpage vraiment très serré, ne permet pas de sauver la narration du désastre.