L'histoire :
A l’issue d’une partie de poker apparemment perdue, Jean-Jacques Rossi, quinquagénaire, se tire une balle dans le crâne. Les jours suivants, Yan, son fils unique, débarque de sa Corse, pour organiser les funérailles. Il libère notamment l’appartement miteux du paternel, en organisant une donation aux voisins. Un récent message téléphonique que lui avait laissé son père le chiffonne toutefois. Ce dernier lui demandait de le rejoindre… alors que le bonhomme n’était pas du genre à donner souvent des nouvelles. Le soir même, dans l’appartement vide du père, Yan se retrouve aussi face à un caïd de la banlieue, genre armoire à glace, qui lui reverse une dette : 3000 euros en petites coupures… Etrange. Yan paye ensuite une tournée générale au bar, en l’honneur de son père. Puis il est interpellé par les flics du quartier, qui lui conseillent de s’en retourner rapidement en Corse. A priori, Yan a eu un passé sulfureux dans le coin. Enfin, de retour à l’appartement en compagnie d’une ex, il retrouve le gros caïd qui l’attend, salement amoché. Ce couillon-là n’a visiblement pas rendu l’argent à la bonne personne… Yan accepte de l’accompagner jusqu’au bon créancier, pour rendre l’argent. Cela sa passe dans un bar qui sert de tripot de jeu, le « Crystal »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-Louis et Julien Fonteneau mettent ici en place une intrigue de polar crédible et cohérente dans le milieu du jeu de poker. Le père du héros s’est-il réellement suicidé ? En quoi sa mort est-elle liée au jeu de poker ? S’agissait-il d’une dette trop lourde à rembourser ? Si Yan connaissait l’attirance du père pour le jeu et la tricherie, il ignorait tout de sa vie récente. De fil en aiguille, il se retrouve à remuer les milieux interlopes. Pire : il évolue aux mauvais endroits aux mauvais moments et se retrouve, au terme de ce premier volet, le principal suspect de plusieurs meurtres. Le scénario des frères Fonteneau est intéressant dans le sens où il évite soigneusement les sentiers battus : on se laisse vraiment embarquer dans des rebondissements imprévus et prenants. Les parties de poker ne sont pas trop présentes non plus (pour le moment), ce qui permet au néophyte d’accrocher totalement à l’intrigue. Il y a bien quelques expressions du genre « il m’a battu en head’s up avec un bluff three barel all in, en total air », mais elles sont délivrées avec parcimonie. Enfin, le dessin assuré par Erik Arnoux et Chrys Millien colle bien au registre, et il demeure cohérent de bout en bout. Cet épisode pilote augure du meilleur pour la suite… en espérant que ce ne soit pas du bluff.