L'histoire :
De nos jours au poste de Police de Montréal, une femme fait une déposition. Son fils Jérémy aurait disparu. Enfin, une partie seulement de son fils : son visage. Devant l’air hébété de l’officier de police, la mère de Jérémy est désemparée. Le constat est simple, la police ne peut rien faire pour elle. Elle va donc se tourner vers un psychiatre. Malheureusement pas plus de succès avec ce dernier. La période que traverse Jérémy est difficile. Ce jeune garçon en plein dans l’adolescence se plaint de son père qui, travailleur humanitaire, préfère donner de son temps à de parfaits inconnus au bout du monde, plutôt que de lui accorder du temps. Comment ce père, que tout le monde met sur un piédestal, peut autant le décevoir ? Partagé entre le vide laissé par son père, les premières ruptures amoureuses et l’incompréhension de sa mère, il se mue dans le silence. Sa vie bascule un peu plus lorsqu’il apprend que son père a été pris en otage. Petit à petit, sous les tracas de la vie, il commence à disparaître...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tiré d’une pièce de théâtre écrite par Larry Tremblay, Le garçon au visage disparu est aujourd'hui adapté à la bande dessinée. Le passage à l’adolescence est différent pour tous. Décrite sous toutes les coutures dans la littérature au théâtre et au cinéma, cette période est contradictoire. C’est le passage obligatoire entre l’enfance et l’âge adulte. Pour notre personnage principal, Jérémy, c’est d’une part le sentiment d’abandon de son père, la culpabilité face au drame que vit sa famille et l’ambiguïté d’une relation avec le sexe opposé. Les auteurs associent la perte du visage à la perte de son identité. Effectivement, même pour les jumeaux monozygotes, chaque visage est unique, ce qui en fait un élément essentiel de l’identité. La dernière génération de smartphone a mis de coté l’empreinte digitale au profit de la reconnaissance faciale avec, il faut l’accorder, plus ou moins de succès. L’ensemble des thèmes abordés sont profonds, mais une analyse de l’œuvre est nécessaire pour en tirer la substantifique moelle. De prime abord, l’histoire peut paraitre obscure pour une lecture au premier degré. Il faut avoir à l’idée que cette œuvre est un récit métaphorique. Un accompagnement peut être nécessaire pour obtenir toutes les clés de l’intrigue. D’ailleurs, comme pour de nombreuses œuvres, les éditions Kennes mettent à disposition des enseignants qui souhaitent traiter ce texte en classe, un dossier explicatif avec plusieurs pistes de travail. Ce dossier est accessible à tous depuis leur site internet. L’analyse est fort intéressante, offre de nombreuses pistes de réflexions et n’est pas seulement destinée aux adolescents qui veulent appréhender le texte. Le lecteur avisé y trouvera surement quelques notions échappées au fil du récit. Le plus gros du travail de cette collaboration est l’adaptation au format bande dessinée. S’affranchissant de certaines conventions de la bande dessinée, Pierre Lecrenier développe un univers graphique extrêmement bien travaillé. Ainsi, Le garçon au visage disparu est une très belle adaptation d’un récit fort sur la traversée mouvementée de l’adolescence. Cet album à plusieurs niveaux de lecture nécessite un travail sur le texte pour obtenir toutes les clés.
